Pas Faite pour
de Véronique Adam

critiqué par Débézed, le 1 octobre 2020
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Vive le sport
La trentaine allègrement passée, Cécile, sans enfant, se retrouve seule après s’être fait larguer par son dernier compagnon. La vie qu’elle mène ne lui apporte aucune satisfaction. Elle donne des cours de violon car n’ayant pas cultivé sérieusement le petit talent qu’elle avait, elle n’a pas pu intégrer une grande formation. Elle se trouve moche, inintéressante, pas très intelligente, pas douée, elle pense qu’elle n’a rien pour attirer un nouveau compagnon, elle se résigne donc à écouter le récit des exploits de ses deux amies en buvant plus que de raison. Inquiétées par ce laisser aller et cette aigreur, les deux copines lui offrent pour son anniversaire un abonnement dans une salle de remise en forme. Le sport et les efforts, tout ce qu’elle déteste. Elle tente tout de même l’expérience et bien lui en a pris, le dandy qui fait tourner la tête à toutes les filles qui fréquentent la salle, tombe amoureux d’elle au moment où sa femme le trompe. Une idylle enchanteresse nait entre les deux tourtereaux, une nouvelle vie commence pour Cécile, elle fait du sport pour retrouver tonus et allure et surtout reprend confiance en elle. Mais, à l’approche du mitant de la vie, l’amour est capricieux, il faut composer chacun avec son histoire, avec tout ce que le passé a déposé dans la corbeille de chacun.

Avec son écriture vive, incisive, qui emmène le lecteur au cœur des aventures qu’elle a un peu vécues, Véronique raconte un bout de sa vie : le violon, le fitness, elle a pratiqué et pratique peut-être encore mais pour le reste je préfère croire qu’il s’agit d’une aventure advenue à la narratrice. Cette histoire, c’est l’histoire de nombreuses filles qui, approchant de la quarantaine, voient apparaître les premiers signes du vieillissement annonçant le déclin de leur pouvoir de séduction et donc la possibilité de finir leur vie seule ou avec le gars qu’elle n’aime plus. Elle se comporte alors comme des adolescentes en quête de leur premier amour, cherchant tous les artifices qui pourraient les faire paraître plus belles, plus séduisantes, plus avenantes, plus « compagnes » pour la fin de la vie. Comme l’écrit l’auteure, ce sont désormais les femmes qui prennent les initiatives en la matière : « Maintenant, ce sont les femmes qui trompent et qui quittent, toujours en quête de l’homme idéal, beau riche, intelligent, qui mettra la main à la pâte dans le ménage et l’éducation des enfants ». Elles s’activent avec d’autant plus d’ardeur que leur âge avance, il faut trouver la perle rare avant qu’il soit trop tard pour espérer encore.

Pour Véronique, la meilleure solution c’est celle qu’elle a adoptée : l’activité sportive, notamment le fitness. Les filles viennent y chercher : « … ce moment hors de leur réalité monotone, où elles peuvent durant quelques instants oublier leurs complexes et se laisser aller à vivre, sans avoir à affronter le jugement des inquisiteurs de la perfection ». Et si elles oublient pendant un moment au moins le regard des autres conditionné par les critères, tous plus abscons les uns que les autres, diffusés par les médias : télévision, réseaux sociaux, presse spécialisée, …, elles auront déjà une bien meilleure opinion d’elle-même et pourront regagner la confiance qu’elles ont perdue. La douleur des courbatures égalise les prétentions et érode l’arrogance.