Le monde byzantin III – L’empire grec et ses voisins XIIIe-XVe siècle
de Collectif

critiqué par Colen8, le 23 septembre 2020
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Lente dissolution
C’est le mérite de ce collectif de dénouer les fils d’une histoire embrouillée au possible durant une période troublée de deux siècles et demi. Le sac suivi de la conquête de Constantinople par les croisés (1204) amorce le déclin de l’empire romain byzantin vaincu pour de bon par les musulmans (1453), qui s’intègre alors à un empire ottoman déjà largement présent alentour. On y retrouve aussi une part de l’histoire européenne qui se déroule principalement en Méditerranée orientale jusqu’à la Mer Noire, dans les Balkans, en Grèce et en Asie Mineure. Une histoire faite d’ambitions, de rivalités, de trahisons, d’exils plus ou moins volontaires, entretenant des haines durables entre les peuples sur fond de discordes religieuses entre églises chrétiennes orthodoxe à l’est, catholique à l’ouest.
La colonisation latine avant la reconquête grecque (1261) est exercée par les Vénitiens qui s’arrogent le monopole du commerce oriental non sans s’être appropriés le savoir-faire en produits de luxe des grands ateliers regroupant les artisans byzantins, lequel savoir-faire s’éteint faute de marchés. Plus tard s’en mêlent Génois, Thraces, Albanais, Bulgares, Hongrois, Serbes, Grecs repliés à Nicée en Anatolie, mais aussi Siciliens de Charles d’Anjou, Catalans ainsi que mercenaires Turcs et pirates allant aux plus offrants quand ils ne jouent pas leurs propres partitions après s’être enrichis grâce aux rançons exigées de prisonniers fortunés, aux ventes comme esclaves des autres moins chanceux.
Privé de ses richesses et de leurs revenus, morcelé en royaumes empires et principautés autonomes, ébranlé dans ses fortifications par des tremblements de terre, laminé par des guerres civiles entre factions revendiquant la légitimité de l’onction du sacre impérial, sa démographie très affaiblie par la Grande Peste (1348) et ses retours successifs, assailli par les poussées des Turcs et des Alains fuyant les invasions mongoles cet immense empire d’un millénaire au rayonnement incomparable finit par sombrer. N’ayant plus les armes ni les forces ni l’appui de la papauté catholique romaine pour se défendre il cédera à l’ultime siège du sultan ottoman Mehmed II « le conquérant ».
Toute la vie byzantine dans ses dimensions administrative, religieuse, artistique, intellectuelle, économique est précisément reconstituée, qui montre bien les influences réciproques des entités latino-grecque et turco-musulmane en dépit du fossé qui les sépare. La vie des voisins immédiats de l’Empire est aussi évoquée, celle de leurs règnes éphémères, celle de l’invasion lente mais inexorable des Ottomans souvent aidés par les chrétiens eux-mêmes. Sur la forme on peut regretter l’insertion des auteurs et pages de références dans le texte ce qui en alourdit inutilement la lecture. Habituellement on les trouve en notes de bas de page ou en annexe de fin d’ouvrage.