Je suis tout ce que je rencontre
de Corinne Desarzens

critiqué par Sahkti, le 10 août 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Apprivoiser une araignée
Frère jumeau de "Je voudrais être l’Herbe de cette prairie", cet ouvrage lui ressemble mais possède cependant son autonomie et sa propre personnalité.
Un livre étonnant et amusant que Corinne Desarzens dédie à la gloire des boîtes aux lettres. Pourquoi ? Parce qu’elle a un jour passé une petite annonce dans un magazine littéraire demandant aux lecteurs de lui envoyer toutes les anecdotes en rapport avec les araignées. Autant dire que Corinne Desarzens a reçu une volée de réponses, parfois surprenantes, toujours intéressantes. A partir de ces récits, témoignages et citations, l’auteur en a tiré un livre rempli de petites histoires, de missives, de descriptions et autres documents sur cette petite bestiole détestée par tant de gens. Etranges métamorphoses visuelles de l’insecte sur fond musical (la partition de l’Invention n°9 de Bach), historique, géographique (une carte de Porto) ou littéraire (S. Corinna Bille, Emily Dickinson, Victor Hugo).
L’araignée est partout, visible ou non, tapie dans l’ombre, apparaissant quand on ne s’y attend pas, objet de crainte mais aussi de dévotion (pour les hindouistes, elle incarne le Bien).
Que d’émotion face à cette petite bestiole (tenez-vous compte de l’adage qui prétend que les petites bêtes ne mangent pas les grosses ?). Souvent, une envie immédiate : l’écrabouiller. Mais la superstition reprend vite le dessus, car araignée du soir, espoir. On se perd alors en fascination devant sa toile, bel ouvrage digne des meilleures dentellières. J’ai lu qu’on pouvait attirer une araignée avec quelques gouttes de coca, je ne sais pas si je vais vérifier la chose.
Etrange recueil, surprenant, intéressant, avec toujours cette écriture vive et enjouée de Corinne Desarzens.