Je voudrais être l'herbe de cette prairie
de Corinne Desarzens

critiqué par Sahkti, le 10 août 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
L'herbe, si verte, si douce...
Ce roman de Corinne Desarzens est accompagné d’un livre miroir "Je suis tout ce que je rencontre". Deux ouvrages qui peuvent être lus séparément mais se complètent à merveille. Le premier est une ode poétique à l’herbe alors que le second offre un abri aux araignées. Avec l’originalité éditoriale qui veut que l’on se munisse d’un bon coupe-papier pour découvrir ces élégantes pages cachées à l’abri d’une couverture abricot.
Corinne Desarzens est une grande voyageuse, une amoureuse des lieux et des paysages. La majeure partie de son œuvre se déroule dans des lieux qu’elle décrit avec passion, grâce à son écriture si particulière, un savant mélange désordonné de mots et d’impressions. il s’en dégage une notion de vie et de dynamisme assez plaisante.
"Je voudrais être l'Herbe de cette prairie" est un hommage à l’herbe. Le végétal bien sûr mais aussi son concept universel, cette notion que l’on retrouve chez bon nombre d’auteurs, le symbolisme qu’elle véhicule, le plaisir qu’elle peut procurer. Un hommage en forme de recueil de dix-huit textes, dix-huit découvertes d’auteurs qui un jour ou l’autre ont accordé une place d’importance au précieux végétal. Ce n’est pas une anthologie, c’est une série de coups de cœur retravaillés, une appropriation symbolique de l’œuvre d’autrui en vue de rendre louange commune à la nature via un de ses éléments le plus répandu. Autant dire que c’est frais, beau et sensible. D’autant plus que Corinne Desarzens nous narre également des anecdotes, des souvenirs, des témoignages d’autres lieux, avec l’herbe en fil conducteur. Etrange n’est-ce pas que suivre un fil vert, ténu et fragile tout au long d’un livre ? Mais l’herbe n’est pas si fragile que cela, ni toujours verte, ni toujours visible.
C’est un beau recueil, mélange de poésie, de prose, de philosophie et puis aussi d’art, tant les descriptions sont belles. Cela donne envie de s’allonger dans l’herbe, de la humer, de la savourer, de rêver aux grandes prairies solitaires et de se surprendre à guetter ses racines, qui sont un peu les nôtres.