L'enfer bolchevik à Pétrograd sous la Commune et la Terreur rouge
de Robert Vaucher

critiqué par Anonyme11, le 19 août 2020
( - - ans)


La note:  étoiles
Témoignage au cœur de la Terreur rouge Bolchevique !
D’abord en ce qui concerne la forme du livre : elle est extrêmement décevante. Nous avons, certes, une couverture en papier glacé avec en photo, un paysage magnifique. Mais d’une part, il n’y pas de 4ème de couverture, et surtout, à l’intérieur ce sont des photocopies d’une édition de 1923, qui plus est, mal reproduites puisqu’elles contiennent des lignes de bordures de copies et il manque des lettres voire des morceaux de mots sur les côtés des pages !
Cerise sur le gâteau : les pages 382 et 383 sont, elles, carrément absentes ! A peine croyable !
Même si en deuxième page, le lecteur est prévenu (en anglais) qu’il s’agit d’une « reproduction », ce même lecteur n’en n’a pas été informé lors de son achat.
En résumé, ce fondamental témoignage historique de Robert Vaucher aurait grandement mérité une réédition, digne de ce nom, de son formidable ouvrage, avec également, pourquoi pas, la préface d’un historien… Mais là : faut pas rêver…Laissons maintenant de côté cette désastreuse « forme » du livre ; car heureusement, après avoir « déchiffré » : les phrases manquantes de mots et les mots manquants de lettres…, on découvre le passionnant témoignage de Robert Vaucher chroniqueur au journal Français l' »Illustration » , qui pendant 6 mois (d’avril 1918 à septembre 1918) a vécu au coeur de l’enfer de la Terreur rouge, après le coup d’Etat bolchevique (communiste) du 7 novembre 1917 à Petrograd en Russie par : Lénine, Trotski, Staline, Dzerjinski, etc..En effet, l’auteur décrit les terribles scènes auxquelles il assiste et est étonnamment clairvoyant dès cette période, sur l’horreur de la TERREUR Communiste qui est entrain de se mettre en place, comme il l’écrit dans son, avant-propos : »A l’heure où, en Europe, des idéalistes trop oublieux des réalités pratiques, cherchent à implanter ailleurs qu’en Russie les théories criminelles de Oulianof Lénine, je crois utile de dire ce que j’ai vu et vécu dans la République fédérative des Soviets.
L’expérience est faite : au lieu du paradis promis par Lénine et ses acolytes, c’est l’enfer. Le peuple russe meurt de faim et de misère, et les classes bourgeoises et intellectuelles périssent dans l’orgie sanglante où se complaisent ces nouveaux réformateurs. »
Robert Vaucher commente au jour le jour, l’infâme Terreur Communiste qui se déroule sous ses yeux, d’abord à Petrograd, puis à Moscou, à Vologda, etc., page 39 :

« Que nous sommes loin des articles triomphants de mai 1917 !
Ce soir, sous le vent glacial, la fusillade éclate à chaque instant, brève, saccadée, suivie du bruit sec et régulier des mitrailleuses. Les bolcheviks semblent vouloir rappeler qu’ils sont les maîtres et que les armes ne leur manquent pas. »

Le 11 mai 1918, l’auteur devait rencontrer Trotski à Moscou. Mais à la dernière minute le Chef de l’Armée Rouge refuse de recevoir Robert Vaucher sous le fallacieux prétexte suivant, page 66 :

« La secrétaire revient, transformée, bourrue, elle ne parle plus français du tout. Trotski a déclaré qu’il ne veut absolument pas voir l’envoyé spécial d’un journal aussi « archibourgeois » que l’Illustration. »

Un parfait exemple du dogme Idéologique dans toute son aberration !

Au cours de son « voyage », Robert Vaucher a eu l’insigne honneur de rencontrer la veuve : la Comtesse Tolstoï dans son village de Jasnaïa Poliana dans la région de Toula. Tolstoï était contre le militarisme, il se serait très certainement opposé aux Bolcheviques (communistes), maximalistes, comme l’explique l’auteur, page 108 :

« Tolstoï aurait-il approuvé la paix de Brest, aurait-il donné son adhésion, lui, le grand anarchiste, à la politique des maximalistes ? Combien de ses lecteurs ne se sont-ils pas posé cette question. Il semble, d’après les personnes qui furent le plus proches de Tolstoï, qu’il aurait été bien loin d’être d’accord avec les Lénine et les Trotski. »

Et toujours, page 108 :

« La révolution de 1905, pendant laquelle il n’y eut aucun propriétaire tué, mais où des domaines furent dévastés, avait attristé Tolstoï. Toutes ces scènes de violence lui étaient profondément antipathiques. Combien il aurait souffert dans son amour pour les paysans en entendant, ce soir, les récits des innombrables actes de cruautés commis par les moujiks, d’octobre à janvier dernier, rien que dans les propriétés du voisinage. »

Partout, tout au long de son périple, Robert Vaucher constate, dramatiquement, les « expropriations » , les « réquisitions » (lisez les vols), les pillages des propriétaires terriens par les Bolcheviques et les paysans IDEOLOGISES par ce nouveau régime Totalitaire Communiste, à commettre ces exactions, ces crimes. Les propriétaires se voient confisquer leurs terres et son chassés de leurs demeures, lorsqu’ils ne finissent pas, très souvent, atrocement massacrés.

En parallèle de ces monstruosités, Lénine, constitue une armée d’ouvrier pour réquisitionner le blé dans les campagnes. Robert Vaucher synthétise très bien cette situation extrêmement tendue, page 192 :

« Lénine aura simplement augmenté la haine de classes en séparant même le paysan de l’ouvrier. Il aura rendu le gouvernement bolchevik encore plus impopulaire dans les campagnes. Il ne peut pourtant dans les circonstances actuelles faire fi d’aucun appui, car la famine est mauvaise conseillère et il serait prudent de ménager du moins ses amis. »

Une Terreur aveugle se met donc en place : les rafles, les arrestations arbitraires, les interrogatoires, les tortures à mort et les exécutions sommaires s’accélèrent. La Guerre Civile et le Communisme de Guerre seront les prochaines étapes de cette barbarie engendrée par les immondes Bolcheviques, page 372 :

« Les journaux de ce matin annoncent que 500 personnes ont été fusillées cette nuit en représailles des attentats contre Ouritzki et Lénine et que d’autres listes de condamnés sont prêtes.
C’est la terreur sombre, sans jugement, la fusillade au hasard, dans la nuit sans témoin.
Les anciens officiers envoyés à Kronstadt ont, paraît-il, été eux aussi exécutés en masse. »

Puis, page 378 :

« Aujourd’hui commence la publication des listes d’otages. 512 personnes ont déjà été fusillées, dont 10 socialistes révolutionnaires de droite. »

Pendant ce temps, Trotski forme son immense Armée Rouge afin d’écraser les « ennemis de classe », les « contre-révolutionnaires », « les bourgeois », les « otages », les « suspects », etc.. Robert Vaucher cite Trotski et l’on peut constater ainsi, le FANATISME IDEOLOGIQUE du Chef de l’Armée Rouge, page 274 :

« Nous serons, dit-il, sans pitié pour les officiers gardes blancs et nous les fusillerons en masse. Nous enverrons dans des camps de concentration ceux qui voudront saboter notre oeuvre. »

A partir du 5 septembre 1918, c’est l’officialisation par décret de la Terreur rouge Bolchevique. Le décret sur les « Otages » bas son plein, on enferme en masse dans des camps de concentration : les familles (enfants, femmes, vieillards, etc.) des « ennemis de classe », page 377 :

« On annonce officiellement l’organisation de camps de concentration où seront envoyés les otages pris parmi la bourgeoisie. Le premier camp de concentration sera établi à Nijny-Novgorod, dans un couvent de femmes inoccupé. Grâce aux grands murs de pierre, très élevés, dont le couvent est entouré, la garde des otages sera aisée. 2 millions et demi ont été votés pour cette organisation. Le premier envoi d’internés sera de 5.000 personnes. »

Le 16 septembre 1918, l’auteur note les terribles « évènements » qui se précipitent, page 408 :

« La terreur continue ; les arrestations sont de plus en plus nombreuses. On fait les premières expéditions d’otages pour le camp de Nijny-Novgorod, qui contiendra 5.000 bourgeois. Les prisons regorgent. »

Très rapidement, la répression des « ennemis du peuple » se généralise à l’ensemble de la population. Le peuple Russe devant faire face à ces nouveaux tyrans Communistes, cette situation infernale va malheureusement et inévitablement conduire à la Guerre Civile, pages 410 et 411 :

« Il faut que les ouvriers français sachent que le soi-disant socialisme des bandits qui nous gouvernent, n’est qu’un vernis cachant les vices les plus bas et les plus ignobles. Il faut que l’on sache que non seulement les bourgeois sont arrêtés, mais aussi de malheureux ouvriers, des chauffeurs, des coiffeurs, des boulangers, des mécaniciens, des hommes qui ne sont en Russie que pour gagner honnêtement leur vie. Ils n’y exploitent pas le travail d’autrui, mais, du matin au soir, du 1er janvier au 31 décembre, peinent pour gagner leur pain. Ce sont ces gens-là que le gouvernement des ouvriers et paysans jette dans des cachots infects. »

Dès le début de 1918, la famine gagne le pays, elle préfigure la gigantesque famine qui aura lieu en 1921 – 1922 faisant 5 MILLIONS de morts innocents. L’auteur ne sait pas encore que ce qu’il exprime en cette année 1918, prendra l’aspect d’un drame humain incommensurable trois ans plus tard, page 261 :

« La famine dont nous souffrons est la cause directe de la désorganisation bolchevique. »

Enfin, je laisse la conclusion de ce trop long commentaire à Robert Vaucher, visionnaire dès 1918 sur ce qui devient : l’un des deux plus grands régimes Totalitaires du 20ème siècle. En effet, l’auteur résume parfaitement tout : l’antagonisme et l’INHUMANITE du dogme idéologique intrinsèquement criminel du Totalitarisme Communiste, page 415 :

« Ces actes de violence, incompréhensibles de la part de personnes qui ont annoncé dans leur programme vouloir rendre heureuse l’humanité, provoquent l’indignation du monde civilisé. »

On a ici un témoignage clairvoyant et ESSENTIEL, écrit dans le vif de l’action de 1918, comme d’autres oeuvres publiées au plus près des évènements, telles que :
– Sergueï Melgounov La terreur rouge en Russie : (1918-1924) ;
– Raymond Duguet Un bagne en Russie : Solovki ;
– Claude Anet La Révolution russe : Chroniques 1917-1920 ;
– Zinaïda Hippius Journal sous la Terreur.