Quatrième guerre mondiale
de Thierry Wolton

critiqué par Anonyme11, le 18 août 2020
( - - ans)


La note:  étoiles
Les Guerres Civiles Civilisationnelles qui viennent... !
Un essai très bien vulgarisé de l’historien Thierry Wolton qui a le grand mérite de « contextualiser » clairement, la réalité de l’attaque à caractère terroriste de l’Islamisme intégriste dans le monde.
En effet, l’auteur part du postulat que nous sommes entrés dans la « 4ème Guerre Mondiale » contre l’Islamisme intégriste, principalement depuis les attentats contre le World Trade Center le 11 septembre 2001.
Pourquoi la « 4ème Guerre Mondiale » ? Car il y a eu évidemment la première de 1914-1918, puis la seconde de 1939-1945, et Thierry Wolton considère la Guerre Froide (O.T.A.N. ou Alliance Atlantique Occidentale contre le Pacte de Varsovie des pays Communistes) entre 1947 et 1991 comme étant la troisième.

Pour l’auteur, l’Islamisme intégriste est en guerre contre l’Occident donc l’Europe et les Etats-Unis essentiellement.
Aujourd’hui, le maillage servant au recrutement des « candidats » au Djihad (la Guerre Sainte) contre les infidèles, les croisés (les chrétiens), les juifs, etc., est tellement étendu à travers le monde, que les Islamistes n’ont plus qu’à idéologiser localement ces musulmans manipulés, afin de les former au combat, au terrorisme, et aux attentats suicides.
Notamment, en ce qui concerne la France, il s’agit du Front Islamique du Salut (le F.I.S.) représenté par des Salafistes, qui contrôle la mouvance Islamiste extrémiste dans notre pays, comme l’écrit Thierry Wolton, page 97 :

« Aujourd’hui le mouvement contrôle 2,5 % des mosquées et rassemble environ 7 000 fidèles, principalement dans les agglomérations parisienne et lyonnaise. Les Renseignements généraux ont recensé parmi eux, en 2005, 541 activistes qui seraient susceptibles de s’engager dans une action illégale. Ceux-là sont connus de la police, mais les autres ? »

Thierry Wolton exprime son propos en terme de : Guerre, car il constate l’immense déploiement du terrorisme Islamiste à travers le monde depuis ces dernières années, pages 25 et 26 :

« La multiplicité des cibles désignées par les terroristes prend la planète en otage, les attentats perpétrés depuis plus d’une décennie n’ont épargné aucun continent : vingt-neuf pays ont déjà été victimes des poseurs de bombes depuis 1993. »

Quant au bilan des morts innocents : il est déjà dramatiquement pléthorique comme le résume l’auteur, page 37 :

« Sans tenir compte des victimes du conflit israélo-palestinien ni des attentats sanglants qui frappent chaque jour l’Irak depuis l’intervention américaine de 2003, l’embrasement islamiste a déjà fait près de 2 millions de morts dans le monde en une quinzaine d’années. »

Puis précise, page 206 :

« Le nombre d’attentats dans le monde a triplé entre 2003 et 2004 (de 208 à 651), provoquant un surcroît de victimes (625 tués en 2003, 1907 en 2004, sans tenir compte de l’Irak). »

Non seulement les Islamistes mènent une guerre terroriste contre l’Occident, mais également entre eux, entre Sunnites (les Wahhabistes, les Frères musulmans, les Salafistes) et Chiites.

L’auteur démontre également l’importance de la violence dans l’Islamisme radical, puis le positionnement de l’Islamisme par rapport au Christianisme et au Judaïsme, page 105 :

« Le Prophète s’étant imposé par les armes, la référence au combat armé est omniprésente dans l’histoire de l’islam et fait partie de l’expérience fondatrice. Ce qui rend légitime le recours à la violence pour faire triompher la vraie parole de Dieu, contrairement aux traditions juive et chrétienne. L’histoire de la conquête du monde par l’islam a par la suite confirmé les musulmans dans la justesse de leur mission : faire triompher leur système de croyance et la civilisation qui en découle. »

Thierry Wolton explicite encore ce qui distingue, entre autres, le Christianisme de l’Islam, page 187 :

« Si les chrétiens ont longtemps dû choisir entre Dieu et César, ce dilemme n’a jamais occupé l’islam puisqu’il n’y a pas de César mais seulement un Dieu dans l’Etat islamique universel. De là découle un rapport différent à la religion. Chez les chrétiens, la séparation de l’Eglise et du pouvoir politique est une évidence, il n’y a pas de corrélation entre le spirituel et le temporel. Pour l’Islam au contraire, il y a symbiose totale, ou plutôt prééminence du spirituel. Dieu est un Tout universel qui ne peut être cantonné dans une structure propre. Les musulmans n’ont d’ailleurs pas besoin d’Eglise ni de clergé, tout le monde peut s’autoproclamer imam ou mollah dès lors qu’il connaît bien les textes sacrés. »

Et continue, page 189 :

« Ce n’est pas un hasard si les sociétés chrétiennes ont développé un principe de laïcité qui n’a guère de sens pour l’islam, lequel joint indissociablement les devoirs religieux et les obligations sociales. »

On retrouve dans L’Islamisme intégriste beaucoup de composantes du Totalitarisme, ce que résume parfaitement bien, Thierry Wolton, page 175 :

« La terreur n’est pas une explication suffisante pour comprendre comment les ressortissants des régimes totalitaires ont fini par aimer leurs bourreaux. L’idéologie est la raison essentielle de ce soutien populaire. Elle a pour fonction d’unir par des sentiments identitaires des citoyens isolés, de donner sens à leur communauté par un mythe absolu et exclusif, de leur faire reconnaître pour chef celui qui sait traduire ces impératifs en émotions collectives. Support du totalitarisme, l’idéologie doit revêtir un caractère utopique et postuler au règlement radical des problèmes de la société. Toutes ces caractéristiques se retrouvent dans l’islamisme. »

Et poursuit, page 176 :

« La conception totalitaire de l’islamisme devient flagrante quand l’idéologie s’impose à l’échelle d’un pays. Comme dans les autres variantes du totalitarisme, il se propose de construire une société idéale, de réaliser l’Utopie à partir de l’infaillibilité de l’idéologie, dans ce cas le Coran. »

Pour l’auteur, l’Occident se retrouve donc confronté, plus à un régime (l’Islamisme intégriste) à caractère Totalitaire qu’à un réel « choc des civilisations ».

En attendant l’espoir vital d’une proche disparition des attentats terroristes, les pays Occidentaux n’ont d’autres choix que de se défendre et de lutter contre cette menace. Mais tout en le faisant de la manière la plus exemplaire qui soit : c’est-à-dire, en respectant le droit international humanitaire dans le cadre de la convention de Genève. Ce qui n’est pourtant pas le cas, par exemple, des Etats-Unis concernant les mauvais traitements infligés aux prisonniers dans les prisons d’Abou Graib en Irak et du camp de Guantanamo à Cuba.

En conclusion, afin que l’Islam ne paraisse plus comme une religion « prosélytiste » aux yeux des populations laïques dans le monde, l’Islam devrait « désacraliser » le Coran, afin de progresser dans le sens de la modernité ; tout en établissant en parallèle une séparation claire entre ce qui relève de l’Etat (le public) et de l’Eglise (le privé). Comme c’est déjà le cas en ce qui concerne le Christianisme. Ce processus pourrait dévaloriser et rendre inopérant à terme, les appels au Djihad des Islamistes intégristes.

Thierry Wolton, dans ce formidable ouvrage, décrypte en répondant à 50 questions : des réalités, des idées et des concepts essentiels pour la compréhension de ce sujet si complexe.

Confer également, d’autres ouvrages tous aussi passionnants sur le même thème de :

– Christopher Caldwell Une révolution sous nos yeux ;
– Alexandre Del Valle Le Totalitarisme islamiste à l’assaut des démocraties ;
– Stéphane Berthomet et Guillaume Bigot Le jour où la France tremblera : Terrorisme islamiste : les vrais risques pour l’Hexagone ;
– Philippe de Villiers Les mosquées de Roissy ;
– Michèle Tribalat Les yeux grands fermés (L’immigration en France) ;
– Anne-Marie Delcambre L’islam des interdits.