Quasi objets
de José Saramago

critiqué par SpaceCadet, le 6 août 2020
(Ici ou Là - - ans)


La note:  étoiles
Entre l’homme et l’objet, quelques histoires.
Etant l’unique recueil de nouvelles qu’ait publié l’auteur, ‘Quasi objets’ fait en quelque sorte office d’exception dans l’œuvre de José Saramago. Publié à la suite de ‘Manuel de Peinture et de Calligraphie’, il fait cependant partie des premières œuvres à travers lesquelles se sont dévoilées les caractéristiques (style, écriture, thématique, esprit) que l’on connaît désormais chez cet auteur.

Tel que l’annonce le titre, les six nouvelles contenues dans ce petit recueil tentent d’explorer sous une variété d’angles, la relation qu’entretien l’homme avec l’objet (au sens large du terme). Bien campé dans son rôle d’observateur et de critique de la société humaine, José Saramago jongle ici avec les registres littéraires, joue avec les genres, voyage dans le temps et tout en exhibant un riche potentiel créatif, il livre quelques réflexions sur le sujet.

Ainsi, c’est avec une extraordinaire dextérité qu’il raconte, en ‘slow motion’, la chute d’une chaise et par conséquent celle de cet homme, -un vieillard au sujet duquel ‘les raisons sont aussi diverses que nombreuses et anciennes de douter de son humanité’-, qui s’apprête à y poser les fesses sans se douter du sort qui l’attend.

S’inspirant de ce qu’on a appelé ‘le premier choc pétrolier’ ‘Embargo’, récit qui fut adapté pour le cinéma en 2010 par Antonio Ferreira, nous plonge dans les années 1970 alors que confronté à une pénurie de pétrole affectant tout le pays, un homme se retrouve littéralement pris en otage par sa propre voiture.
‘Reflux’ nous décrit en mode accéléré la création d’une cité puis nous plonge, dans des temps anciens, dans ce pays dirigé par un roi qui, obsédé par l’image de la mort, fera tout en son possible pour ne pas en croiser la manifestation.

Entre surréalisme et science fiction ‘Les choses’ est un récit qui nous fait découvrir comment, dans une société où l’état exerce un contrôle sur toute chose, comment, face à la soumission des hommes, ce sont les choses qui finissent par prendre la situation en main et décident de se révolter.
Revisitant la mythologie grecque, ‘Le centaure’ offre une habile description de ce qu’aurait pu être l’existence ainsi que la destinée du dernier centaure ayant existé sur terre.

Puis ‘La vengeance’, un récit se déroulant en milieu rural, raconte l’histoire d’un jeune homme qui rentrant chez lui après avoir rendu visite à sa petite amie, assiste au spectacle de la castration d’un cochon et décide alors de rebrousser chemin pour aller se jeter dans les bras de sa douce.

Parfois plus près du conte ou de la légende que de la nouvelle, ces récits, dont certains m’ont laissé béat d’admiration, mettent bien en relief le talent, le potentiel créatif et l’intelligence percutante d’un auteur qui à mon avis prend d’autant mieux ses aises lorsqu’il s’adonne au roman.

N.B.La note accordée correspond à une moyenne.