Abattez les grands arbres
de Christophe Guillaumot

critiqué par Incertitudes, le 1 août 2020
( - 39 ans)


La note:  étoiles
Ô Toulouse !
Christophe Guillaumot est flic à Toulouse et il nous fait découvrir dans les moindres détails la ville rose comme on la surnomme. Écrasée par la chaleur.

Il a beau être policier, il ne passe pas son temps à tresser des lauriers aux membres de sa profession. On y trouve de tout. Des types intègres qui veulent bosser et d'autres qui trafiquent ou qui n'en ont rien à foutre. C'est un peu représentatif de l’ensemble de la société.

Dans Abattez les grands arbres, c'est justement le quotidien du Kanak. Natif de la Nouvelle-Calédonie et attendant désespérément une mutation sur son île. Il a des valeurs, il est professionnel, attentif aux autres. C'est un bon mec avant d'être un bon flic. On y croise un débutant surnommé "six" par son équipe, une jolie légiste, une espionne manipulatrice. Trois personnages attachants dans leurs forces et leurs faiblesses pour démêler une histoire de vengeance ayant pour origine le génocide au Rwanda en 1994. J'avais dix ans à l'époque. Autant dire que je serais bien en peine de dire "ah oui, je m'en souviens". Non. Il me semble vaguement qu'à l'époque on avait critiqué la France pour son inaction et c'est tout.

J'ai bien aimé la personnalité de ce policier atypique qui a l'air d'avoir vraiment existé. Suivant son caractère et la manière dont on lui parle, il peut tout aussi bien asséner un coup de poing dans la figure de son interlocuteur que lui envoyer une grande bourrade dans le dos. Vu toutes les magouilles au sein de sa brigade, je me dis qu'on n'est pas au bout de nos surprises.

Un polar instructif 8 étoiles

Un polar aux rebondissement nombreux, quasi jusqu'à la dernière page.
Une écriture soignée, agréable, parsemée de quelques moments d'humour.
Les personnages aux personnalités bien spécifiques, s'identifient clairement.
On retrouve de façon inévitable, des relations amoureuses sans que cela soit dominant ni envahissant mais donnant l'opportunité de se sortir de la noirceur ambiante ainsi que de placer des scènes amenant le sourire. J'ai été un peu dérangé par l'habitude du Kanak d'appeler tout le monde "mon chameau". On ne comprend pas le sens de cette expression, ni d'où cela provient. Cela tient du détail.

En trame de fond, le génocide rwandais permet de préciser le déroulement de ce conflit avec les rôles tant politiques que militaires de la France. S'ajoutent à cela les rivalités de services ainsi que l'intervention en sous main des services secrets.
L'ensemble est dense, révélateur des causes de dysfonctionnement de certaines opérations.

On retrouvera le Kanak ainsi que 6 dans la brigade des jeux où ils ont été tous deux mutés par mesure disciplinaire.

Un ensemble très plaisant à lire, enrichissant et, pour ceux qui connaissent la ville, en plus une identification aisée des divers quartiers de cette ville.

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 14 octobre 2023