Relire le relié
de Michel Serres

critiqué par Colen8, le 30 juillet 2020
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Plus d’Amour, moins de haine
Les chasseurs-cueilleurs ne vivaient-il pas d’amour et d’eau fraîche ? L’agriculture, l’élevage instaurant la propriété ont amené les premières violences entre cultivateurs et pasteurs. Plus tard leurs descendants ont inventés les outils qui mènent le monde : la monnaie, les mathématiques, l’alphabet. Quasi simultanément ils ont fait naître le divin, les religions qui rassemblent encore à ce jour des milliards de fidèles, dont la durée, la force spirituelle dépasse étonnamment celle des pouvoirs temporels qui voient disparaître civilisations et empires au fil des siècles.
Parmi les monothéismes, le christianisme issu du judaïsme, imprégné de la philosophie gréco-romaine occupe une place à part expliquant en partie le décollage scientifique, technique, industriel de l’Occident, source d’immenses progrès en même temps que des plus grands meurtres de masse : esclavages, génocides, totalitarismes, armes de destruction massive. Mais où sommes-nous aujourd’hui ? Dans un monde qui nous baigne de réseaux infinis, qui nous fait côtoyer le réel et le virtuel, qui semble prêt à basculer vers le pire plutôt que le meilleur.
Une trame structurée autour de l’Epiphanie « la bonne nouvelle » laisse ici libre cours à quantité de pensées vagabondes, souvenirs, connaissances, croyances, observations, interprétations. Il s’agit d’une ultime synthèse du normalien après une démission de l’Ecole Navale, agrégé de philosophie, donnant un aperçu de ses multiples facettes : amoureux de la terre et des paysans, historien des sciences, philosophe de l’optimisme, conteur volubile, enseignant, écrivain aux textes souvent lyriques et poétiques accueilli à juste titre parmi les immortels de l’Académie française.