Trio pour un monde égaré, suivi de Un parcours
de Marie Redonnet

critiqué par Cyclo, le 25 juillet 2020
(Bordeaux - 78 ans)


La note:  étoiles
vivre dans un monde déboussolé
Je suis toujours épaté par les romans de Marie Redonnet, sortes de fables ou de paraboles derrière lesquelles se dissimile notre monde contemporain. On reste loin des fictions habituelles, ce n’est pourtant pas difficile à lire : on dirait ici une toile d’araignée tissée avec maestria par l’auteur.

Elle prend trois personnages (deux hommes, une femme) qui vivent dans un monde de dictature te de guerre plus ou moins civile, et qui cherchent à survivre. Leurs voix nous parlent à la première personne en montage alterné, comme on dirait au cinéma. Bien que ne se connaissant pas et, à la différence du cinéma, ne se rejoignant pas "in fine", nous suivons leurs pas. Confrontés à un monde en crise, dans un pays indéfini (on peut penser à un pays africain ou d'Europe centrale ou du Proche-orient), chacun d’entre eux est pris dans un piège dont il/elle cherche à se libérer. Willy Chow est un ancien mercenaire de la guerre civile ; il a choisi de se retirer, mais la violence va se rappeler à lui. Douglas Marenko, brillant scientifique, est emprisonné dans un pays où il avait espéré trouver un asile. Tate Combo, migrante, est devenue la muse d'un photographe qui l’a modelée et en a fait une star des magazines de mode (jusqu’à blanchir sa peau et gommer ses origines vraisemblablement africaines). Chacun prend la parole tour à tour, et conte son combat dans ce monde "égaré". Écrit au présent, en phrases courtes, hachées, ce nouveau roman retrouve le style qui nous avait frappé dans "La femme au colt 451".

Le roman est suivi d’un texte intitulé "Un parcours" dans lequel Marie Redonnet expose sa vision de l’écriture, ses influences littéraires, le théâtre qui, joue un rôle important,dans sa vie et son œuvre.

C’est tout bonnement passionnant et s’imprime durablement dans l’esprit du lecteur.