L'homme à la Chimay bleue
de Jean-Philippe Querton

critiqué par Nathafi, le 10 juillet 2020
(SAINT-SOUPLET - 57 ans)


La note:  étoiles
Bleus au coeur
Un homme, presque condamné par ses excès et la maladie, décide d'en finir en se suicidant à la Chimay bleue. Ce nectar délicat sera désormais son seul ami et enterrera sa triste vie. Il fait fi des recommandations de son médecin, qui espère un changement de comportement pour inverser la tendance.
L'humour noir est présent dans cet ouvrage, caustique, pince sans rire, Jean-Philippe Querton nous raconte les déboires de cet homme fatigué de vivre. Celui-ci s'isole, de plus en plus, s'éloigne de son environnement, coupe le contact avec tout le monde, et ne se livre plus qu'à l'enivrement, jusqu'à tomber, de sa boisson préférée.
Il sombre inexorablement, s'abandonnant à l'état alcoolique en permanence, on ressent la détresse, le chagrin, le submerger, plus rien ne compte, il est seul et veut le demeurer, à jamais.
Un lâcher-prise progressif qui plonge notre homme dans les méandres de l'addiction, il se demande quand viendra son heure, défie la bière et les quantités...
Jusqu'au jour où... Un regard, un sourire, un ange l'interpelle, et son triste dessein est remis en question.

Ce livre m'a fait penser à "Fable d'amour", d'Antonio Moresco, par le thème abordé. Un homme en perdition, qui s'accroche soudain à un ange salvateur, l'innocence incarnée, la douceur, une lueur d'espoir.
Mais ici, ce n'est pas un conte... Le titre, "L'homme à la Chimay bleue" et la couverture noire laissent augurer un livre sombre, un polar, une enquête à la Maigret. C'est une descente aux enfers, mais on sourit, on rit, on s'émeut, et on se dit que c'est possible, la chute vertigineuse se justifie, le sursaut se comprend, l'envie de survivre se conçoit.

Un roman qui traite de l'alcoolisme, de l'impuissance face à la maladie, de la marginalisation, et surtout de la solitude, de solitudes plurielles, qui mêlent pour un temps leurs destins.