L'odeur de la colle en pot
de Adèle Bréau

critiqué par Sundernono, le 7 juillet 2020
(Nice - 40 ans)


La note:  étoiles
Nineties
Septembre 1991, Caroline du haut de ses treize ans rentre en quatrième. Petite particularité, cette rentrée se fait dans un nouvel établissement. Le stress ! Avec ses parents et sa sœur Charlotte, Caro a quitté la banlieue pour s'installer dans un grand appartement parisien parallèlement au changement de poste de son père de plus en plus accaparé par son travail.
L'auteure nous plonge dans la vie de cette jeune fille timide et un peu paumée, sa nouvelle vie, sa meilleure amie, le garçon qui lui plaît, ses parents dont le couple vole en éclats, ce père de plus en plus absent sans oublier cette petite sœur quelque peu espiègle.
Il va sans dire qu'Adèle Bréau joue sur le côté nostalgique des années 90, la mode inhérente à cette époque, le téléphone pas encore portable, les objets typique des nineties, le fameux walkman, les cartes téléphoniques, les cassettes vidéo et donc la fameuse colle en pot, substitut de la fameuse madeleine de Proust pour la narratrice. Clairement l'immersion est réussie. L'auteure n'abuse pas de ces touches nineties et les distille au compte-gouttes au sein d'un roman agréable à lire.
J'ai trouvé intéressant de retranscrire ce passage qui montre le style et le ton du roman :

« Papa et maman suivaient depuis toujours ces duels sur terre battue. Alors je ne sais pas si j'aimais ça pour leur ressembler, parce que j'ai toujours entendu ces bruits de balle et ces grognements d'effort, ou parce que ça me rappelait l'enfance, l'excitation de l'été tout proche, du parfum des fleurs qui se faufile par les fenêtres , des cours qu'il faut réviser pour la dernière fois, mais je ne ratais jamais un tournoi de Roland-Garros à la télévision.
Dans quelques jours, le collège serait réquisitionné pour les brevets et les bacs. Dans quelques jours, on se quitterait tous pour trois mois d'une autre vie. »

La fibre nostalgique fonctionne et je dois avouer m'être replongé avec plaisir dans cette période que j'ai également connue : le club Dorothée, la pub Homo micro et ses « crapoto basta », le coup de téléphone à la personne convoitée avec le risque de tomber sur un des parents, … Le récit sent le vécu. Le personnage central est bien fouillée. Sa vie sentimentale et familiale se découvre sans tomber dans l'ennui ou la banalité. Je me répète, mais tout cela sent le vécu et ça fonctionne.
J'attendais de ce roman une immersion dans les années 90 avec une touche nostalgique.
Mission accomplie.