Le naufragé
de Francois Colcanap

critiqué par Alma, le 2 juillet 2020
( - - ans)


La note:  étoiles
Un paradis perdu
Un roman qui apporte une bouffée d'air frais dans la production littéraire actuelle .

Un air venu du large, d'un petit port français sur la côte atlantique, et d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, d'un temps où la pêche était encore artisanale .
C'est dans ce port que Joseph, le narrateur a vécu son enfance, les meilleures années de sa vie.
A présent, loin, bien loin de ses racines, il revient avec émotion et nostalgie « flâner dans le temps du Père et de la Mère », ce temps béni. Des gens modestes ; La Mère, à la présence chaude et douce, Le Père, un pêcheur modeste auquel Joseph s'identifiait . Mais des parents trot tôt disparus .
Si seulement les méthodes de pêche n'avaient pas changé, si des réglementations et des normes absurdes n'étaient pas apparues, Joseph aurait pu reprendre le flambeau !!
Alors Joseph a créé, en relation avec le monde de la pêche, une petite industrie qui a prospéré au delà de ses attentes, mais sans qu'il s'en trouve heureux. Car Joseph ne sent pas l'âme d'un homme d'affaires, fussent-elles florissantes.

A la fois récit de souvenirs d'une enfance heureuse, et roman du terroir, l'ouvrage n'échappe pas aux caractéristiques de ces deux genres. On y trouve l'évocation du microcosme d'un village portuaire, peuplé de ses membres traditionnels : le maire et le curé, de ses personnages pittoresques ( la mère T'y trouves tout, la charcutière ). On suit le quotidien de ces gens simples .
Ce lieu qui constituait pour l'enfant un lieu idyllique, comme une sorte de cocon protecteur, est désormais devenu un paradis perdu car en 30 ans, les pêcheurs ont vu leurs méthodes de pêche se transformer, la commune s'est transformée et cherché à attirer le tourisme. Si beaucoup se sont adaptés, d'autres sont restés en marge de la modernisation. C'est le cas de Joseph et de ses deux vieilles amies dont il devient le bon samaritain.
Le lecteur voir régulièrement s'opposer dans le roman - un peu passéiste, il faut l 'avouer- attachement au passé et désir d'avenir, immobilisme et progrès, valeurs traditionnelles et valeurs modernes.

Si le dénouement m'a surprise et m'est apparu d'abord comme une pirouette habile pour conclure, cet épisode final me paraît maintenant, après sa relecture, comme se rattachant bien au thème central du roman : le paradis perdu . Se pourrait-il que ce paradis perdu renaisse ?

Un héros attachant, une écriture sobre, sensible et tout en pudeur.
Je me suis laissée prendre au charme discret de ce roman émouvant, un charme un peu rétro peut-être .
Merci à Lecteurs.com et aux Editions Slatkine et Cie de m'en avoir permis la lecture