L'espoir d'aimer en chemin
de Michel Quint

critiqué par Marvic, le 25 juin 2020
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
Les secrets de la malle-cabine
René Gardel mène une vie tranquille, auprès de sa compagne Daisy, infirmière dans un service de traumatologie, et du fils de Daisy, Lucas, collégien sans histoire.
À la demande de cette dernière, il se rend chaque semaine à l’hôpital pour apporter un peu de sourire aux petits malades en cancérologie ou traumatologie . Car il est montreur, exerçant son métier de marionnettiste en tournées et spectacle accompagnés de Suzy et Momo, ses marionnettes à gaine .
Quant un soir, Daisy lui demande d’intervenir auprès de Louis, adolescent dans le coma, il accepte pour elle. Chaque jour, il joue une saynète sans obtenir aucune réaction, si ce n’est celle de l’infirmière "vous lui raconteriez votre vie, ça serait pareil..."
Alors, Momo et Suzy vont devenir les porte-paroles des confidences de René. "Et la vieille histoire s’est remise à déborder mes lèvres."
Orphelin de mère, il vivait seul avec son père, agent immobilier fantasque perdant toujours ses clés, laissant son fils dans le café de Lulu où l’enfant sera le témoin muet et terrorisé de scènes violentes.
Car on est en pleine guerre d’Algérie. Entre le FLN et l’OAS, les attentats et tortures se multiplient en plein Paris. En grandissant, René découvrira le rôle de son père et donnera du sens aux scènes auxquelles il a assisté. Au milieu d’événements tragiques, a lieu un moment magique, une rencontre inoubliable, un coup de foudre.
Manu, Aïcha et leur fille Halva arrivent d’Algérie où la vie n’est plus possible. Un français marié à une algérienne, fille de harki, c’est la mort assurée. Si René tombe immédiatement amoureux de la petite fille, il voit bien que son père est sous le charme d’Aïcha.
Obligé de quitter Paris pour Lille, René n’oubliera jamais Halva. Il grandira à Lille, où il sera là aussi témoin d’un drame détruisant à nouveau son bonheur. "En une interminable fraction de seconde, l’enfance a fini."
Les années passent, René prendra la succession de son père "ce salaud de raccroc" jusqu’à ce que la mort de celui-ci révèle une vérité stupéfiante qui l’emmènera dans une autre quête.
Et arrivera le temps de comprendre le comportement versatile de son père, l’absence de mère, la vacuité d’une quête éternelle.
"Un temps pour grandir, regarder devant, et aimer simplement, réellement."

Une très belle écriture pour ce roman à étapes parfois déroutant, la narration touchante d’événements subis puis compris dans les yeux d’un enfant "éteint", solitaire, qui comme son père, n’avait pas appris à aimer.