Les Templiers, ces inconnus
de Laurent Dailliez

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 21 juin 2020
(Ottignies - 88 ans)


La note:  étoiles
L’honneur est sauf.
Dans ce livre Laurent Dailliez veut rétablir la réputation des Templiers en racontant leur histoire depuis les origines jusqu’à leur disparition. Son livre est donc un récit historique qui par moment prend les allures d’un plaidoyer. L’auteur estime que le Temple a le droit aujourd’hui, de se défendre des accusations portées contre lui et sa démonstration est magistrale.

Laurent Dalliez est un historien qu’il faut prendre au sérieux. Il a consacré sa vie à l’étude des ordres religieux. Il a basé son étude des Templiers sur la collation de plus de 145.000 documents d’auteurs (aussi bien occidentaux, que musulmans ou orientaux) et sur les documents – certains récemment découverts – des actes des Chapitres généraux et en provenance du Temple. S’il rétablit la réputation du Temple en levant le fameux « secret des Templiers », c’est en toute objectivité.

Et ça donne un livre passionnant. L’auteur nous fait le récit de toutes les batailles des Croisés, avec chaque fois le rôle joué par les Templiers. C’est très bien expliqué mais, malgré tout, c’est par moment difficile à suivre tellement il y a de noms de chevaliers et de chefs de guerre musulmans qui participent à ces combats.

Mais toute l’histoire des croisades est difficile à suivre dès qu’on entre dans les détails. René Grousset à raconté cette histoire en 12 volumes et, si on oublie beaucoup de détails, on en retient quand même les lignes principales. On peut dire que Laurent Dailliez ne fait pas mieux mais ne fait pas plus mal. C’est toujours aussi compliqué et il est difficile de tout retenir. Mais ce qui est passionnant chez Laurent Dailliez c’est de voir chaque fois le rôle joué par les Templiers dans toute l’histoire des croisades. On peut dire que rien ne se serait accompli sans eux. C’est grâce à leur foi, leur fidélité à leur règle, leur intelligence au combat, leur courage et leur force, que les Croisés ont pu tenir sur les Lieux Saints durant trois siècles.

Au cours de son récit, l’auteur explique la création, la règle et la juridiction de l’Ordre. Il explique comment les Templiers ont acquis des richesses et sont devenus les banquiers d’Europe et du Proche-Orient. Il passe en revue la personnalité des Grands Maîtres du Temple et raconte leurs démêlées avec les Papes. Il raconte aussi les traîtrises de l’Empereur Frédéric II, la croisade de saint Louis et le règlement de sa rançon. L’auteur aborde ensuite la partie peut-être la plus cruciale du récit : la fin des Templiers voulue par Philippe le Bel et acceptée sous la menace par le Pape Clément V.

Et là, Laurent Dailliez se déchaîne contre Philippe le Bel et le lecteur impartial que je suis lui donne raison. C’était un fourbe, un traître, un faux-cul, un ingrat. L’auteur a bien raison de dire que c’était l’un des pires tyrans qu’ait connu l’histoire de France ! Son agression au concile de Vienne en 1311 suffit à nous convaincre qu’il n’était, ni plus ni moins, qu’un terroriste patenté : à ce concile, après lecture du procès contre les Templiers, tous les cardinaux avaient conclu à leur innocence. C’est alors que Philippe le Bel est entré, épée à la main, et a forcé le Pape Clément V à signer la fin du Temple, l’arrestation de tous ses membres, les aveux sous la torture et les bûchers de l’Inquisition. Et puis, la confiscation de tous leurs biens au profit de la royauté, perpétuellement endettée vis-à-vis du Temple. On nous dit que Clément V était un saint homme mais c’était aussi un pleutre, un falot, un courtisan, un mondain… Ce malheureux n’avait rien d’un bon pape et Philippe le Bel n’avait rien d’un honnête homme.

L’auteur, malheureusement, ne nous parle pas de la « malédiction des Templiers », cette malédiction qui a frappé Philippe le Bel et sa descendance, puis à précipité la France dans la pire épreuve de son histoire avec l’avènement des Valois, la guerre de Cent Ans, la peste noire… La papauté non plus n’a pas échappé à la malédiction avec les papes en Avignon, un ante-pape, trois papes nommés en même temps, le Grand Schisme d’Occident… Le châtiment aura été proportionnel au crime commis. Il a fallu, un siècle plus tard, le miracle de sainte Jeanne d’Arc pour mettre fin aux malheurs de la France et l’intervention quasi miraculeuse de sainte Brigitte de Suède et de sainte Catherine de Sienne pour arrêter les malheurs de la papauté.

Ça mis à part, ce livre est un récit historique remarquablement complet où l’auteur plaide avec brio pour la remise à l’honneur de l’Ordre prestigieux des Templiers. Il nous rappelle opportunément quels étaient la foi, le courage, et la détermination de nos vaillants ancêtres, Templiers et Croisés, partis pour délivrer des invasions musulmanes, la Terre Sainte, berceau de leur religion et terre sacrée où leur Dieu avait vécu.