La métamorphose suivi de Dans la colonie pénitentiaire
de Franz Kafka

critiqué par Colen8, le 8 juin 2020
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Vivre l’horreur
La première de ces deux nouvelles peut être comprise symboliquement selon l’âge et les circonstances. Par exemple la conscience du handicap pour qui se réveille après un grave accident, la pathologie orpheline qui après avoir envahi le corps et l’esprit fait perdre tout espoir de rétablissement à son porteur, la vieillesse tout simplement qui n’est autre qu’une maladie incurable pour les seniors. Les uns et les autres ont en commun la disparition de leurs degrés de liberté antérieurs, ils ressentent le rejet ou le dégoût ou la peur inspirés à l’entourage alors qu’ils en attendent empathie et compassion. La Métamorphose traduit bien tout cela sous une forme proche du cauchemar.
La seconde n’est pas moins effrayante. Inspirée de l’expérience professionnelle de Kafka dans les risques industriels, elle décrit dans ses moindres détails une machine diabolique à torturer et à tuer des condamnés arbitraires dans une colonie pénitentiaire. Elle apparaît, cette nouvelle, à un siècle de distance comme une anticipation des horribles crimes qui ne cessent d’être perpétrés lors des multiples conflits, révolutions, génocides, guerres civiles, terrorismes au point de s’interroger sur la prévalence des émotions ou de la raison dans les relations entre les habitants de la planète Terre.
La métamorphose. Drame familier 9 étoiles

Lire Kafka, plutôt le relire depuis des années révèle des autres couches de drame qui tourmentent le genre humain. Samsa subit la transformation en vermine chez lui à côté de ses proches. Dans une troisième lecture, j’arrive à penser aux stratagèmes dans sa famille pour cacher, puis pour accepter et à la fin s’adapter a une situation traumatique qui dépasse les sens, et met à l'épreuve une unité menacée par l’impossible mais que Kafka a su rendre crédible formidablement. Dans chaque famille il y a des tragédies, des fantômes naissent partout, des secrets qui grandissent dans des placards obscurs. Tristement le jour s’impose même si ça prend plus de temps que souhaité.

Ogorodrigues - - 48 ans - 3 octobre 2020