Le Conte de l'île inconnue
de José Saramago, Olivier Besson (Dessin)

critiqué par Septularisen, le 17 mai 2020
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
«Aimer est probablement la meilleure façon d'avoir, avoir est sûrement la pire façon d'aimer.»
En un temps et dans un royaume inconnus, un homme s’en va frapper à la «Porte des demandes», du château du roi. Quand la servante vient enfin lui ouvrir, celui-ci demande à parler directement au roi. Cette requête étant plutôt inhabituelle, et le roi étant occupé à recevoir les présents de ses sujets à la «Porte des offrandes», celui-ci refuse de se déplacer.

L’homme (dont on ne nous dira jamais le nom), s’allonge alors de tout son long devant la porte, bien décidé à camper là, tant que le roi ne satisfait pas à sa demande. Au bout de trois jours et devant les protestations de son peuple, le roi se décide enfin à aller rencontrer le mystérieux individu qui dort devant la porte.

Mais, contrairement aux demandes habituelles, celui-ci ne veut pas un titre, une décoration, ou simplement de l’argent, il veut… un bateau! Et pourquoi donc un bateau? Pour partir à la recherche de l'île inconnue… Le roi a beau lui objecter qu’il n'y avait plus d'îles inconnues, qu’elles étaient toutes recensées sur des cartes. L’homme n’en démord pas, il ne pouvait pas dire quelle était cette île qu’il cherchait, sinon elle ne serait plus inconnue…

Simplement parce qu'il est impossible qu’il n'existe pas une île inconnue... et donc qu’il lui faut un bateau pour partir à sa recherche…

«Le conte de l’île inconnue» est une sorte de divertissement, signé José SARAMAGO (1922 - 2010). C’est plus une longue nouvelle d’une soixantaine de pages destinée aux adultes, qu’un véritable conte! Ce n’est d’ailleurs pas sans rappeler, – que ce soit dans le style que dans l’histoire -, les nouvelles de l’écrivain japonais Haruki MURAKAMI. Au final, il faut surtout plus en retenir la morale et l’histoire en elle-même, qu’y chercher une véritable signification. Morale que d’ailleurs M. SARAMAGO ne nous donne pas, mais nous laisse libre de découvrir, ou non, et de l’interpréter à notre guise…

C’est bien écrit, de bonne facture et cela se lit vite et sans problèmes. Attention toutefois au style très particulier de l’écrivain portugais, il y a très peu de points, et tout est écrit d’un bloc sans véritable séparation, il n’y a d’ailleurs quasiment pas de paragraphes.
Mais, là où tout cela devient très inhabituel, c’est qu’il n’y a ici pas de séparation entre les dialogues des personnages, si ce n’est une virgule et une majuscule qui précède la phrase de chaque personnage. Il faut donc faire attention à chaque instant pour ne pas perdre le fil, et savoir quel personnage est en train de s’exprimer.

Pour le reste, encore une fois, ceci n’est qu’un petit texte, un divertissement, destiné au mieux à découvrir l’écriture et l’écrivain portugais, au pire à ses inconditionnels…

Rappelons si nécessaire que José SARAMAGO à reçu le Prix Nobel de Littérature en 1998 (il est d’ailleurs le seul auteur portugais à l’avoir reçu au moment ou j’écris ces lignes), et le Prix Camoens, considéré comme la plus haute distinction des lettres portugaises, en 1995.