La Maison Nucingen - Melmoth réconcilié
de Honoré de Balzac

critiqué par Veneziano, le 2 mai 2020
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
La Maison Nucingen : l'ascension sulfureuse de Rastignac
Rastignac, apparu dans le Père Goriot, devient l'amant de Delphine Nucingen, issue d'une famille juive à la tête d'un grand groupe bancaire et financier, qui n'est pas sans rappeler l'installation des Rothschild dans l'espace économique français. Rastignac, après avoir intrigué dans la famille Goriot, continue ses plans alimentant ses objectifs d'ascension sociale. Aussi finit-il par intéresser un groupe de journalistes, intrigués par ces nouvelles fortunes et ce personnel qui vient notamment l'incarner. Ainsi Finit, Blondet, Couture et Bixiou tentent-ils d'approcher ces princes de la finance. Cela permet d'apprendre que Rastignac contribue à liquider des entreprises, comme celle dont César Birotteau a pu faire les frais dans un présent ouvrage, et que ledit Eugène de Rastignac s'enrichit substantiellement, au point d'acquérir un hôtel particulier. Subséquemment, la question du lien de causalité, et donc celle de la régularité de ces opérations commerciales, viennent à être posées.

Cette nouvelle peu connue assied pourtant la notoriété d'un personnage sulfureux, arriviste à souhait, sachant manier les leviers utiles de son époque, sans trop susciter d'inquiétude, en sachant manoeuvrer avec les tolérances du jour. Son apport s'avère donc autant sociologique que psychologique, ainsi que sarcastique à souhait, comme toujours, via un humour grinçant. Elle est aussi intrigante qu'intéressante.
Rien de neuf sur la planète "argent" 4 étoiles

Nucingen est probablement le texte le plus noir de Balzac. Le monde de la finance qui triomphe d'un commerce probe.
Finot, Blondet, Couture et Bixiou, tous quatre journalistes se retrouvent dans un restaurant parisien pour un repas bien arrosé et interminable qui ferait frémir un diététicien.
Ils parlent ensemble de la formidable ascension d'un certain RASTIGNAC qui grâce à la banque NUCINGEN est parvenu à établir sa fortune en provoquant la ruine autour de lui.
Le montage financier est assez complexe (et encore utilisé de nos jours) : provoquer reprendre des banqueroutes et proposer aux créanciers des valeurs mortes afin de se retrouver propriétaires des investissements qu'on leurs a si naïvement abandonnés.

Rastignac est un être sans scrupule qui développe une théorie sur le mariage, qui, selon lui, est une société de commerce instituée pour supporter la vie.

Difficile à lire et à comprendre, ce texte ne laisse pas un souvenir impérissable



PERSONNAGES


– Malvina et Isaure d'ALDRIGGER : la seconde des soeurs épouse Beaudenord ; toute la famille se retrouve ruinée avec lui par Nucingen.

– Godefroid de BEAUDENORD : dandy parisien victime des fausses liquidations de Nucingen.

– Jean-Jacques BIXIOU : ancien employé au ministère des finances, dessinateur caricaturiste, blagueur et sans scrupule. Il réapparaît très souvent, comme les suivants.

– Emile BLONDET : « un des anciens princes de la critique parisienne, esprit cynique. Voir sa « fin » dans Les Paysans.

– DU TILLET (Ferdinand, dit) : un des hommes de paille utilisés par Nucingen. Pour ses débuts voir César Birotteau.

– Andoche FINOT : journaliste aux entreprises très diverses ; des quatre amis, il est le seul « parvenu, mais seulement au pied de l'échelle ». Une constante du personnage est son amitié avec Félix Gaudissart.

– Baron de NUCINGEN : banquier d'origine allemande, l'homme fort de la vie financière à Paris, rusé et sans scrupule. Pour plus d'intimité voir Splendeurs et misères des courtisanes.

– Eugène de RASTIGNAC : un autre des hommes de paille de Nucingen, qui fait ainsi sa carrière ; il est, en outre, comme on sait, l'amant de la femme du banquier (voir ses débuts dans Le Père Goriot).

Monocle - tournai - 64 ans - 14 janvier 2021