Florilège de liégeoiseries
de Paul-Henri Thomsin

critiqué par Catinus, le 29 avril 2020
(Liège - 72 ans)


La note:  étoiles
Encore un bijou liégeois
Après un premier livre sur les truculences de notre parler à savoir les liégeoiseries, en voici un second intitulé « florilège de liégeoiseries ». Au départ, il s’agit de courts dialogues composés de cinq répliques qui furent diffusées sur les ondes de Vivacité, une des radios de la Rtbf. Par ordre alphabétique, Paul-Henri Thomsin s’attarde sur certaines mots wallons liégeois particulièrement savoureux, en explique tous les sens avec exemples à la clé. C’est à la fois amusant et hautement instructifs.

Tout comme son précédent ouvrage, voici un livre indispensable, incontournable que tout bon Liégeois et Liégeoise se doit de posséder dans sa bibliothèque. Sans compter qu’il s’agit là de deux opus Intemporels !
Paul-Henri Thomsin donne régulièrement des conférences-spectacles ici et là . Il ne faut pas les manquer.

Extraits :

- De quelqu’un qui est décédé, on dit qu’il a fait « sa dernière bâille » (dans le sens de bâillement).
- La « boteroûle » désigne parfois le petit rond qui surmonte le « a » pour représenter le son « â » comme par exemple «Grande cavalcåde avå l’ cîr» et ,en tout autre cas, le nombril. D’autre part, celui qui rit aux éclats risque de se « difâfiler li bot’roûle » détricoter le nombril.
- Les « corinthes », raisins secs, se retrouvent aussi dans une expression très moqueuse, quand le Liégeois dit « elle a deux corinthes sur une planche ».

- La Principauté de Liège est le seul pays au monde où « on met ses pantoufles dans ses pieds », là où les autres francophones mettent les pieds les pantoufles.

- Au Pays de Liège, plutôt que de demander à être excuser, on préfère s’excuser soi-même. « Je m’excuse ». On peut évidemment excuser quelqu’un mais de là à « s’excuser » soi-même, on dépasse les limites de bienséance …

- Les Liégeois aiment se plaindre mais, surtout, affirmer qu’ils sont différents, qu’ils sont « autres » …On les entend donc gémir avec un « Pauvre nous autres ! », copié - collé du wallon « pôves nos-ôtes. « Pôv nos-ôtes èt lès tchins d’chèrète », les tchins d’chèrète « étaient dans le temps ces chiens qui menaient vie dure à traîner tout le jour des charrettes bien lourdes.

- Au Pays de Liège, le pléonasme est roi. Ainsi, quand le wallon propose de « monter d’zeûr », Le Liégeois « monte en haut ». Et par corollaire, il « descend en bas ». Ou encore « répéter plusieurs fois », ou « sortir dehors ». Autant de pléonasmes qui démontrent que le parler liégeois est un descendant en ligne droite du wallon.

- Au Pays de Liège, on est possessif à outrance. J’ai mal à ma tête, j’ai mes joues toutes rouges, j’ai mon nez qui coule. On peut prendre l’air sur son devant, avec ses mains dans ses poches. On peut aller chez sa matante après avoir mis sa bonnette sur sa tête et ses souliers dans ses pieds. Après avoir fini son assiette et s’être lavé ses mains, on peut remettre son pull pour aller faire sa petite promenade. Le binamé, lui, il aidera sa femme à faire ses poussières plutôt que de rester dans ses jambes à tourniquer ou à mettre son nez dans ses affaires.

- Sprautchî signifie écrabouiller, écraser. C’est donc une liégeoiserie qui se prononce lentement, pour mieux apprécier la scène.