Job, parler de Dieu à partir de la souffrance de l'innocent de Gustavo Gutiérrez

Job, parler de Dieu à partir de la souffrance de l'innocent de Gustavo Gutiérrez

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Spiritualités

Critiqué par Saule, le 16 avril 2020 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 58 ans)
La note : 8 étoiles
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"Dieu a donné, Dieu a repris"

Cet essai est écrit par un théologien de la libération, en Amérique du Sud, où la grande majorité des gens vivent très pauvrement et où ces souffrances sont le résultat de l'action d'une minorité qui bafouent la dignité humaine. Comment dans ces conditions avoir un discours sur Dieu ? Est-il possible de parler de Dieu à partir de la souffrance de l'innocent ?

Le thème central du livre de Job est celui de la gratuité de l'amour de Dieu. L'auteur du livre de Job met en pièce la théologie fondée sur la rétribution temporelle, une théologie qui implique que celui qui souffre est nécessairement coupable au yeux de Dieu tandis que celui qui est prospère est rétribué pour ses mérites. L'expérience de Job prouve le contraire. Dieu a une option préférentielle pour les pauvres, pas parce qu'ils le méritent, mais parce que c'est la liberté de Dieu.

Le livre est court mais très documenté, l'auteur cite des auteurs (Camus, Pascal notamment) ainsi que des poètes sud-américains, il explicite les passages clés du livre de Job en donnant une interprétation basée sur le vécu du terrain (la souffrance injuste de grandes majorités de populations, souffrance causée par d'autres hommes). Il connait très bien le livre de Job et sa lecture est un éclairage très utile pour appréhender ce livre assez compliqué. Je serai bien incapable de résumer ce livre, je me contenterai plutôt de signaler quelques points qui ont résonné en moi:

* Thomas d'Acquin disait que Dieu est le Mystère. Le seul discours possible est de dire ce qu'il n'est pas. Cependant cela n'empêche pas de faire l'effort de le penser et d'avoir un discours sur lui (théologie), simplement il faut rester humble.

* Celui qui fait le bien car il en espère une compensation (temporelle ou pas), celui qui fait un marché avec Dieu en quelque sorte, s'est construit une idole et passe à côté de la vraie foi, qui implique la gratuité.

* "Dieu a donné, Dieu a repris" : c'est l'expression pleine de bon sens de la foi populaire. Une expression admirable mais qui ne doit pas conduire à une résignation stérile.

Cet essai assez ardu m'a permis de relire le livre de Job et m'a donné envie de relire un autre ouvrage sur le livre de Job, par Jung, qui m'avait à l'époque fortement marqué (je ne suis pas sûr que j'aurai le même enthousiasme pour l'approche de Jung après avoir lu ce livre et pris de l'âge...)

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