Miroir, miroir
de Patrick Boutin, Pascal Dandois (Dessin)

critiqué par Débézed, le 13 avril 2020
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
L'envers du décor
Adepte de la forme courte, et même très courte, Patrick Boutin figure déjà parmi les auteurs que j’ai eu le plaisir de lire et de commenter : à travers un recueil d’aphorismes, Le fruit des fendus, édité par Le Cactus inébranlable éditions, et une nouvelle, Furfur, éditée chez Lamiroy. Dans le présent recueil qui comporte une trentaine de courtes nouvelles, deux ou trois pages en général, toutes illustrées d’un dessin humoristique de Pascal Dandois qui mérite bien lui aussi nos compliments, il propose des textes plus ou moins fantastiques, surréalistes, qui transportent le lecteur dans un autre univers. « Il me plait à croire que notre image (anagramme de magie), si quotidienne, prend alors corps dans un monde parallèle où le songe seul reste à la réflexion ».

Ainsi en lisant la premier texte du recueil, j’ai immédiatement pensé à Le portrait de Dorian Gray que j’ai retrouvé dans une micro nouvelle vers le milieu du livre. Après ce premier texte, Patrick Boutin enchaîne toute une série de nouvelles atroces, horribles, cyniques, cruelles, … en y laissant toujours percer une petite pointe de tendresse, comme un condiment qui rendrait le texte plus digeste. Dans ses textes l’auteur met souvent en scène des clochards, des pauvres, des traîne misère, les plus démunis comme s’il voulait leur rendre la place qu’ils n’ont plus dans notre monde. Les dernières nouvelles sont particulièrement glauques mais le talent littéraire de l’auteur les rend lisibles et acceptables.

Avec son écriture épurée, claire, limpide, enrichie de nombreux mots rares, Patrick Boutin honore la langue française tout en dressant une satire acérée de notre monde tellement injuste, tellement cruel, si peu enclin à prendre compte les valeurs humaines et humanitaires. Il nous invite à un voyage vers un autre monde pour quitter le nôtre où tout est éphémère même les atrocités qu’il dépeint avec une précision chirurgicale. Il nous tend la main pour nous entrainer de l’autre côté du miroir dans monde dépourvu de toutes les misères, malheurs, cruautés et autres choses horribles qu’il a décrites dans ses textes.