Animal lecteur, Tome 4: Le jour le pilon
de Sergio Salma (Scénario), Libon (Dessin)

critiqué par Septularisen, le 31 mars 2020
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
ET VIVE LE PILON!
Le pilon, c'est horrible! Mais c'est le destin de nombreuses bandes dessinées, et pour son auteur: Le drame! Du coup dès la Pg. 3, le belge Sergio SALMA (*1960) et le français LIBON (*1972, de son vrai nom Ivan TERLECKI), nous mettent en garde! Si vous connaissez un auteur dont l’album vient d’être pilonné, soyez délicat et pendant quelques jours évitez des mots comme: Fricassée ; purée ; mixeur ; hacher ; écrasée ; flocons ; bouillie ; miettes ; charpie ; puzzle ; confettis, etc…

Alors, pour éviter que toutes ces jolies histoires en dessins finissent dans l’horrible machine à broyer du papier, le libraire et propriétaire de «BD Boutik», le héros charismatique de cette série, multiplie les initiatives pour essayer de vendre les albums qui remplissent (parfois trop!), sa petite librairie spécialisée dans la BD. Il n’hésite pas à «donner» de sa personne, comme p. ex. : Se déguiser en héros de BD (Super Libraire ; Obélix ; Lucien… ), pour animer son point de vente, lors de la sortie de grandes nouveautés.

Mais pour lui le pire est encore à venir, puisque «Méga-Maga», le supermarché de la BD s’installe à moins d’un kilomètre de sa «BD Boutik». Notre bon Bernard Dolcevita (bien que son nom était Bernard Doux dans les épisodes précédents…) a beau ne pas se montrer inquiet, ne pas regarder la vitrine de son concurrent quand il passe devant, il ne peut s’empêcher d’aller espionner les vendeurs de «Méga-Maga» pour essayer de comprendre leurs techniques de vente et de marketing.
Et, bien que déguisé, inutile ici de dire qu’il se fait toujours prendre ! Et alors qu’il peste régulièrement contre le trop plein de nouveautés, qui envahissent sa petite boutique, un jour, - où comme d’habitude il espionne «Méga-Maga», sous le couvert d'un déguisement -, il apprend qu’il est le dix-millième client à avoir franchi la porte du supermarché de la BD, et qu’il vient de gagner… Son poids en BD!..

Les tomes d'«Animal Lecteur» se suivent et ne se ressemblent pas. Toujours aussi créatifs, toujours aussi drôles. Et, si dans ce quatrième volume des aventures de notre rouquin de libraire, l'accent est mis sur le pilonnage des BD, et sur la concurrence - plus ou moins déloyale -, des grands magasins et autres grandes surfaces. Les autres thèmes classiques ne sont pas non plus oubliés : Du client qui se croit dans une librairie de livres, au connaisseur qui sait distinguer au premier coup d’œil, une BD japonaise d'une BD Sud-Coréenne...

Mais n’oublions pas l’essentiel, si «Animal Lecteur» est tout d’abord une série drôle qui s’y prend si bien pour nous faire sourire, c’est aussi une satire réaliste de la vie des vraies librairies, tenues par de vrais libraires. Puisque ce sont eux, leur travail et leurs conseils, qui nous permettent de découvrir, lire et aimer, de bons albums de BD! Qu’on ne s’y trompe pas, les vrais héros de BD d'aujourd'hui, ne sont ni des playboys milliardaires, philanthropes en jeans et en baskets, ni des agents secrets à l’épaule tatouée et à la mémoire défaillante, mais les libraires qui vendent leurs albums!

P. S. Rappelons le format inhabituel de cette série, puisque chaque album est un demi A4 vertical. Les gags se présentent donc en bandes verticales et se lisent de haut en bas (par opposition aux classiques «strips» qui se lisent sur des cases qui se suivent à l'horizontal et se lisent de gauche à droite), chaque page présente un gag, et ce tome en compte 94.
Il n’y a donc pas lieu de parler du découpage pour cette BD. C’est une BD caricaturale, de type «gros nez», et les personnages sont représentés avec des yeux tout ronds, blancs et plus grands que la normale. Les personnages apparaissent souvent en «plan taille», avec la tête inclinée et en train de faire un mouvement, tout ceci pour renforcer leur expressivité. La plupart des gags se déroulent dans la librairie «BD Boutik», il n’y a donc pas véritablement de décor. L’accent est mis sur le gag en lui-même et sur sa chute. Certains sont même uniquement «visuels» et ne comportent pas de dialogue.