La contagion
de Walter Siti

critiqué par Pucksimberg, le 24 mars 2020
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Une observation de la borgata romaine. Un peu ennuyeux ...
Walter Siti propose d’explorer un immeuble populaire des Borgate de Rome, quartiers emplis de vie et de démesure. Ce roman chorale met en scène de nombreux protagonistes et peut rappeler à certains égards d’autres romans qui s’appuient sur ce procédé utilisé déjà par Alaa El Aswany dans « L’Immeuble Yacoubian », ou par Petru Cimpoesu dans « Siméon l’ascenseurite » et bien d’autres … Dans cet immeuble il est question de sexualité, des prostitution et d’héroïne. Ce microcosme est très libéré et tout le monde semble coucher avec tout le monde. Il n’est même plus question d’hétérosexualité ou de bisexualité, mais de sexualité. Il n’y a plus de frontières. Ce monde est bouillonnant, parle fort, se dispute, frappe parfois. Il y a même une dimension sociologique dans ce roman. En effet le roman apparaît souvent comme une étude de ces lieux avec des personnages hauts en couleur. Marcello est un ancien sportif vieillissant, Gianfranco le dealer, Francesca une handicapée militante et puis il y a aussi des magouilleurs, des prostituées … Le lecteur suit donc le quotidien de ces individus et leurs intéractions.

Cette dimension sociologique est intéressante car l’on suit la vie de cet immeuble sur plusieurs années. On le voit changer, tout comme ses occupants. Certains passages sont purement explicatifs et relatent l’histoire de ces borgate qui reflètent l’Italie d’aujourd’hui. Walter Siti souligne l’influence de ces quartiers sur le reste de l’Italie. Un peu à la façon de Zola qui observait des personnages qu’il avait créés et leur comportement dans un milieu défini, comme le scientifique qui observe des rats de laboratoire, Walter Siti observe ces borgate, voit ce qui s’y construit, ce qui naît car ceci est très significatif de l’évolution des italiens.

Cet intérêt quasi historique pour ces lieux suscite son intérêt, mais l’ennui prédomine. Tous les chapitres sont essentiellement descriptifs. Walter Siti accumule les portraits sans susciter une grande curiosité chez le lecteur. J’avoue avoir peiné à terminer la lecture tout en reconnaissant des qualités à cet auteur et à ce texte. J’ai eu parfois l’impression que tous les chapitres n’avaient que pour objectif d’expliciter la métaphore du titre, clairement évoquée à la fin du roman. Ce fait peut être louable mais peut avoir ses limites … Un reportage aurait sans doute eu la même finalité. Même si l’auteur a voulu donner une couleur locale en employant des expressions propres à ces lieux et des situations criantes de vérité, je m’y suis vraiment ennuyé. Walter Siti a obtenu pour un autre de ses textes le prix Strega en Italie, l’équivalent de notre Goncourt. Je lui reconnais des qualités et suis même agacé de ne pas avoir aimé ce roman. Je n’ai pas été sensible non plus au style de l’auteur, ni au rythme du roman. La première moitié, plus survoltée, m’a davantage plu que la seconde.