D'où viennent les vagues
de Fabio Genovesi

critiqué par Pucksimberg, le 16 mars 2020
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
La vie n'est pas un long fleuve tranquille
Ce roman a reçu l’équivalent du Goncourt des lycéens en Italie. Ce fut suffisant pour me donner envie de m’attaquer à ce roman dont la couverture est solaire en cette période qui l’est moins. Bien m’en a pris ! Le roman est loin d’être léger. En effet le roman contient un certain nombre de personnages principaux qui ont vécu des coups durs ou qui sont humiliés régulièrement. Luna est une jeune fille albinos et Zot son ami, un orphelin de Tchernobyl. On ne peut pas affirmer que ce sont des enfants intégrés dans leur classe. Zot en vient même à rentrer à pied à la maison afin d’éviter le bus à cause des moqueries et des coups assénés par ses camarades. La maman de Luna, Serena, est une femme avec du caractère qui voit sa vie s’effondrer quand son fils Luca, jeune homme admiré de tous décède accidentellement. A ce groupe de personnes, s’ajoute un trio d’amis quarantenaires que l’on pourrait qualifier de losers, une mentalité d’ado dans un corps d’adulte et une vie sociale plus que moyenne. Sandro se distingue dans ce trio. Il est parfois remplaçant, parfois catéchiste sans être vraiment qualifié, mais il est subjugué par le charme de Serena et en relation avec ses enfants.

Le lecteur suit donc ces individus dans ce roman dans la ville touristique de Forte dei Marmi, sorte de Saint-Tropez italien. On les suit dans leur quotidien, rarement facile, mais plein de vitalité, à l’italienne ! Le parler est direct et cru parfois. Les injures fusent, les coups aussi. Les émotions sont rarement mesurées et les situations sont parfois extrêmes. Certaines scènes basculent dans l’excès et feront ire le lecteur. Même si l’œuvre est plutôt pessimiste, le rire n’est jamais bien loin et certains passages sont vraiment amusants. J’ai souvent lu des textes qui font sourire, rire plus rarement. Ici certains passages sont comiques et désamorcent les scènes de tension. Et puis Fabio Genovesi n’est pas en manque d’imagination. Il parvient à relancer le récit facilement et n’a pas froid aux yeux. L’histoire n’est pas de tout repos ni des plus classiques. La mer occupe aussi un grand rôle dans ce roman. Elle provoque la mort, suscite le rêve, apaise, devient un moyen de communication … La métaphore du titre est dévoilée et explicitée à la fin du roman.

Ce roman se lit facilement. Les personnages sont suffisamment différents pour ne pas les confondre malgré leur nombre. L’auteur sait stimuler notre curiosité et nous donner l’envie de poursuivre la lecture. Ce n’est pourtant pas un grand roman, de ceux qui marquent les esprits. L’écriture n’a rien d’exceptionnel à mes yeux et fait entrer ce texte dans les œuvres que l’on lit avec plaisir mais qui ne laissent pas un souvenir impérissable. Cela reste un divertissement plaisant. Je préfère nettement Ammaniti à Genovesi pour évoquer des auteurs de la même génération.