La Saga des Farnèse
de Jean-Marc de La Sablière

critiqué par Veneziano, le 14 février 2020
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Une grande famille de la Renaissance
Cette haute famille issue de Parme, en Romagne, dont les origines connues remontent au Moyen-Age, a marqué l'histoire de la Renaissance dans sa région, dans la Papauté, donc dans toute l'Europe, et même en Espagne. Elle a livré le pape Paul III, qui a lui-même conseillé plusieurs de ses prédécesseurs, dont l'ineffable Alexandre VI, soit Rodrigo Borgia, et son ennemi juré, Jules II, della Rovere. Il est apparu incontournable, au point que quiconque n'a osé se présenter contre lui, d'autant moins que son grand âge laissait présumer un pontificat court. Jugé pusillanime a priori, il s'est avéré très diplomate au point d'assurer la sécurité du Saint-Siège, à une époque où les puissances des différents italiens, de l'Empire de Charles Quint et de la France de François Ier persévéraient dans une lutte d'influence qui pouvaient menacer Rome, au centre de la péninsule. Il a su conduire la rude transition de la Réforme naissante, comprenant qu'une discussion avec les Luthériens n'étaient pas possible, et que la Papauté devenait une puissance moyenne.
Ses descendants ont su intriguer et négocier, avec plus ou moins de réussite, mais avec reconnaissance et influence, car les ducs de Parme ont joui de leur puissance, de leur goût du faste comme de la négociation plus ou moins officielle. Par le hasard de l'histoire, Elisabeth devint une Reine d'Espagne respectée.
Aussi cette famille, comme les Médicis et la Papauté, s'est fait connaître par son mécénat culturel, son Palais personnel à Rome restant leur chef d'oeuvre d'aménagement urbain, comme de propriété privée. C'est ce que relate l'auteur, ambassadeur de France en Italie, siégeant donc dans cette illustre et riche demeure.

Cette saga familiale de la Renaissance restitue les éléments diplomatiques, militaires, culturels et personnels de son histoire, chaque génération ayant su conserver une grande influence dans le jeu compliqué des alliances des Etats européens, et non pas seulement italiens et des grandes lignées qui les servent, dans des enjeux territoriaux, matrimoniaux, patrimoniaux et personnels. Les rebondissement sont assurés, la complexité des enjeux sont décortiqués, pour pouvoir profiter de l'évolution de cette galerie de tableaux. C'est foisonnant, dense, très intéressant.