L'Italie et Byzance
de André Chastel

critiqué par Colen8, le 11 février 2020
( - 82 ans)


La note:  étoiles
L’art et l’histoire de la pré-Renaissance
De l’histoire pour commencer, afin de comprendre la genèse de la culture occidentale des siècles suivants en partie grâce à la remise en valeur de la haute culture grecque classique par le canal italien. L’empereur romain Constantin après avoir imposé le christianisme comme religion officielle, déplace la capitale de l’empire à Byzance renommée dès lors Constantinople (330) pour le millénaire à venir tandis que les barbares provoquent la chute de la partie romaine. Les Vénitiens de la 4ème croisade s’étant détournés intentionnellement vers Constantinople pour la mettre à sac (1204), l’occupent jusqu’en 1261 s’appropriant ses splendeurs accumulées.
Dès le XIIIe siècle les influences réciproques entre les mondes gréco-byzantin et latin renouvellent l’expression artistique en peinture et en sculpture. Pendant deux siècles et demi, l’art s’envole d’abord en Italie puis dans le reste de l’Europe. Le mouvement est toutefois ralenti par des troubles graves : la Peste noire (1348-1350) et ses ravages, le Concile de l’Union (1438-1439). Ce concile parvenant enfin à réunifier les deux Eglises catholique et orthodoxe dans l’ultime espoir de contrer la poussée ottomane mais resté lettre morte dans les faits, n’a pu empêcher par la disparition de l’empire chrétien d’orient en 1453.
Déprécié un temps par les italiens la force de l’art byzantin se révèle dans le sacré. Ses mosaïques chatoyantes ornent de scènes bibliques les coupoles d’églises en forme de croix grecque selon le modèle de Sainte-Sophie, ses icônes sur fond d’or facilement transportables deviendront des objets de collection puis de culte en soi de même que ses bas-reliefs, reliquaires, médailles et autres objets précieux. L’héritage oriental se transmettra aux artistes des villes italiennes s’exprimant au début par les fresques murales, les tableaux d’autels dans des styles correspondant à des sensibilités propres. Sienne la première avec Guido da Siena et Duccio, Florence avec Cimabue, suivi de Giotto à la ligne sévère et de Piero Della Francesca, sans omettre Assise, Venise, Milan, Rome etc.
Cet ouvrage posthume de grande érudition a été publié par la collaboratrice d’André Chastel. Très illustré à la fois dans le texte et par des planches couleurs hors-texte, sa lecture bénéficie de plusieurs index (lieux, termes utilisés, artistes et personnalités cités) et d’un tableau chronologique mettant en regard conciles des évêques et événements relatifs à l’Italie, Byzance et le bassin méditerranéen entre 325 et 1515.