404
de Sabri Louatah

critiqué par Veneziano, le 2 février 2020
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
La peur des mirages en ligne et de l'immigration
Ali se souvient avec nostalgie d'Alia, ancienne amie d'hypokhâgne qui a finalement bifurqué vers Polytechnique, alors qu'il est devenu cuisinier. Ils se retrouvent. Elle lui expose son projet de mise en ligne de témoignages réels non piratables, dénommé 404, en vue de pallier les mirages en ligne, soit les montages diffamatoires et humiliant, qui peuvent s'accompagner de demandes de rançon, à la manière d'un chantage.
A cette peur, s'en ajoute une autre, celle de l'immigration et de la montée de la part de la population arabo-musulmane en France. Le cumul des deux prend corps dans le département de l'Allier, dans le Bourbonnais, où s'installe l'équipe du projet 404, et où cette minorité finirait par représenter 40,4% des habitants. La communauté en question est divisée, alors qu'une grande majorité recherche la respectabilité.

Ce roman se fonde sur la haute technologie et la sociologie pour analyser les pathologies et craintes de la société française, en général et au sein des Françaises et Français d'origine algérienne, dont il est ici beaucoup question, au point de devenir le personnage principal. Son jeune auteur maîtrise bien le traitement des angoisses croisées, des intrigues personnelles qui s'ajoute à celle(s) générale(s). Assez complexe et tourmenté, ce livre ne passe pas inaperçu dans les médias et marque par sa richesse, sa densité, sa narration haletante, son climat de crise également. Il a le mérite d'inviter à réfléchir.