Sirènes
de Joseph Knox

critiqué par Krysaline, le 28 janvier 2020
(Paris - 58 ans)


La note:  étoiles
Nuits noires dans les bas-fonds de Manchester
J’ai enchainé ce polar directement après un autre roman noir « d’atmosphère » d’une auteure anglaise également. Le sujet est différent, mais on y retrouve la même ambiance sombre et déprimée. Si bien qu’à la faveur d’une inattention temporaire, j’ai fini par mélanger les deux histoires !! Mais bon, le premier m’ayant bien emballé, je n’ai pas été « dépaysée », je suis restée sur la lancée !! L’un aurait pu être la continuation de l’autre malgré la différence de style. Rien de carrément original mais l’écriture est agréable.

Déjà la première de couverture avait attiré mon attention. Je la trouvais attrayante et très esthétique. Elle évoque, le mystère, le monde de la nuit et peut-être, l’étincelle de lumière et d’espoir au bout du tunnel ?

Ici, nous avons l’anti-héros classique en la personne d’Aidan Waits, inspecteur déchu, à deux doigts de la révocation, accro aux amphètes et accessoirement au sky également. Un looser en somme qui traine ses désillusions comme un boulet ; un être « à plat » et au creux de la vague. Aussi n’a-t-il d’autre choix que d’accepter la mission d’infiltration que lui confie son supérieur auprès d’un gang local donnant dans le trafic de drogues. Au départ, il ne s’agit que de localiser les « sirènes » et les pister de bars en bars lors de leurs collectes du bénéfice des ventes de came. Il s’agissait de débusquer la taupe au sein de leur brigade qui renseigne le caïd, Zain Carver.

Ça se corse, avec l’entrée en scène d’un député qui voudrait bien faire rentrer sa fille mineure et fugueuse au bercail. Celle-ci a trouvé refuge…. chez Zain, le fameux dealer. L’heure n’est donc plus à l’observation « de loin » mais à l’infiltration. Mission très dangereuse car « officieuse » ce qui veut dire « sans filets », pas de couverture officielle en cas d’échec. Une sorte de mission « suicide » en quelque sorte. Ça passe ou ça casse !

Va s’ensuivre une série de « sacs de nœuds » imbriqués les uns dans les autres où tout le monde manipule tout le monde. A tel point qu’on en perd un peu son latin ! Mais de fil en aiguille avec une lecture attentive, tout se tient parfaitement et chaque situation trouve son explication. Rien de capillotracté, tout s’emboite et a une explication logique.

L’atmosphère des bas-fonds de Manchester, comme des endroits plus cossus est retranscrite à merveille ; on « visionne » tout comme dans un film. C’est « parlant ». C’est triste, noir, mélancolique, démoralisant ; les personnages ont l’air tous au bout du rouleau, leurs vies retenues par un fil invisible qui menace de rompre à tout moment. Tout à l’air si glauque et terriblement fragile. On trouve peu d’espoir dans ce roman. Même le superintendant Parss ne semble pas si « recommandable » …

Le personnage d’Aidan n’évite pas les poncifs du genre mais, je l’ai trouvé « attachant » tout de même dans sa détresse. On apprend peu sur le personnage qui donnera surement naissance à une saga où on en apprendra un peu plus sur lui à chaque aventure.

Un roman noir très réussi qui en appellera donc d’autres je l’espère. Je suivrai avec le plus grand intérêt l’évolution du personnage principal… le suivant « chambre 413 » est déjà paru fin 2019 et je vais me le procurer sans hésitation.

Merci aux Editions Le Masque pour leur confiance et la plateforme NetGalley France.