Mon vieux de Thierry Jonquet

Mon vieux de Thierry Jonquet

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers , Littérature => Francophone

Critiqué par Renald, le 17 juillet 2004 (Inscrit le 11 avril 2004, 64 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 342ème position).
Visites : 5 194  (depuis Novembre 2007)

Canicule

Daniel Tessandier est dans la rue, sa logeuse l’a jeté dehors, il survit de mois en mois dans l’attente du prochain versement du RMI. Alain Colmont est un ancien prof. il écris pour la télévision des scénarii qu’il doit sans cesse remanier. IL découpe les articles des journaux pour un futur roman qu’il ne manquera pas de faire mais surtout il veut reconstruire le visage de sa fille défigurée dans un accident de mobylette. Alain travaille dans un hôpital et rêve d’ouvrir une baraque à frite dans le sud de la France. Un vieillard débarqué de nul part dépérit à l’hôpital depuis plusieurs années. L’hôpital cherche le parent qui va devoir payer la facture. Nous sommes a Paris au cours de l’été 2003 et c’est la canicule. Thierry Jonquet nous entraîne dans les rues de Belleville son quartier depuis 20 ans. Des hommes, des femmes cabossés par la vie, ballottés par le hasard, la malchance et la solitude cherche à survivre. Ils sont courageux ces hommes. Ils sont déterminés. Ils se relèvent encore et encore malgré les coups donnés par une société violente et sans cœur. Ils cherchent des solutions pour s’en sortir et c’est là que naît l’envie de tuer. Le texte et fort, dense, précis. Les descriptions de la rue, des attroupements autour des bars sont brillantes. La vision de la vie dans l’hôpital de cet été là et un grand moment d’écriture. Thierry Jonquet à été rattrapé par l’actualité alors qu’il écrivait un roman et le roman c’est transformé. C’est un polar noir pris sur le vif, fort et passionnant. C’est le Paris d’aujourd’hui, c’est dans la rue.
« J'écris des romans noirs. Des intrigues où la haine, le désespoir se taillent la part du lion et n'en finissent plus de broyer de pauvres personnages auxquels je n'accorde aucune chance de salut. Chacun s'amuse comme il peut »
Thierry Jonquet Rouge c'est la vie, Le Seuil 1998.

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Les éditions

  • Mon vieux [Texte imprimé], roman Thierry Jonquet
    de Jonquet, Thierry
    Seuil / Seuil policiers (Paris)
    ISBN : 9782020557900 ; 10,67 € ; 16/04/2004 ; 324 p. ; Broché
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crève, mon vieux

8 étoiles

Critique de Grass (montréal, Inscrit le 29 août 2004, 46 ans) - 16 février 2008

L’été 2003 en France fût marqué, entre autres, par l’affaire Cantat-Trintignant, mais surtout par une canicule qui fît près de 15 000 morts (20 000 en Italie), des personnes âgées pour la plupart.

C’est dans ce contexte étouffant que Thierry Jonquet a imaginé une histoire dont la malchance serait l’acteur principal. Pas le destin. La malchance. Celle qui aurait pu, du moins croit-on, être évitée si l’on n’avait pas passé ce coup de téléphone, ou décidé de partir en vacances deux jours plus tôt, par exemple. Malsaine, la malchance s’immisce ensuite dans la tête de sa victime et se transforme en une série de remises en question et d’angoisses qui habitent le quotidien sans laisser de répit.

Jonquet a fait tomber le dieu Malchance sur Alain Colmont, la cinquantaine, devenu scénariste télé à la suite d’un roman à succès dont il a toujours été incapable de donner suite. Si ce n’était que ça. Colmont est devenu veuf des suites d’un accident de voiture où il prenait le volant. Il s’en tira avec quelques blessures, mais sa femme succomba. Si ce n’était que ça.

Cette mort se produisit durant le coma de leur fille Cécile, suite à un grave accident de motobylette qui lui a laissé la moité du corps râpé, dégarni. À son réveil, elle cherche sa mère, et en vient à accuser son père de l’avoir tuée. Une idée qui ne le quittera jamais. Mais il y a encore autre chose.

Cécile vit maintenant dans une villa de luxe en bord de mer où sont traités de nombreux cas de jeunes reclus. Cécile porte un voile sur la moitié du visage et ne parle jamais à personne. Seulement, lorsqu’elle retrouve subitement le goût et l’odorat, sensations qu’elle avait perdues lors de son coma, le désir de vivre lui revient, au grand bonheur d’Alain Colmont, qui travaille, pour ainsi dire, dans le seul but de pouvoir assurer à sa fille la meilleure des pensions, le meilleur rétablissement. Sans compter que Cécile entrera bientôt en chirurgie avec un éminent spécialiste, Colmont compte les sous et dépense beaucoup plus qu’il ne gagne. Depuis les deux tragédies, son imagination n’est plus ce qu’elle était et le téléphone se tait.

Colmont croit bien voir la lumière au bout du tunnel avec sa fille qui sourit à nouveau. Jusqu’à ce qu’il reçoive un téléphone de l’hôpital Lyautey, lui indiquant qu’un patient qu’ils hébergent depuis trois ans, dont ils n’avaient aucune information quant à son identité, vient tout juste d’être identifié. Mathieu Colmont. Son père, sans aucun doute, atteint d’Alzheimer et de crises de violence qui est aux soins de l’État depuis trois ans. Un homme que Colmont n’a jamais connu, pour ainsi dire, et dont la responsabilité, morale et financière, lui incombe tout à coup.

Et Colmont s’enfonce, jusqu’à ce que Jacquot, son ami et voisin, soulève l’incroyable taux de mortalité chez les personnes âgées à cause de la canicule… C’est sans compter l’ajout de Daniel Tessandier, un itinérant dont on aura suivi l’histoire en parallèle depuis le début, qui vient ajouter à la malchance de Colmont.



Même si l’écriture de Jonquet est plutôt verbeuses (il m’a rappelé Djian à de nombreux moment, l’attitude en moins), le récit se fait de plus en plus halentant, dieu merci, à mesure que progresse l’histoire. Reste que Jonquet fait dans le détail, et qu’on aurait bien pu faire avec 50, voire 75 pages de moins. Néanmoins, le lecteur, pervers, ne peut qu’espérer que les choses empirent en tournant les pages. Il ne sera presque pas déçu.

Et une autre chose, et Jonquet n’y est probablement pour rien. Je n’avais encore jamais remarqué à quel point les français vivent entourés d’acronymes. C’est que ces petits mots sont écrits en majuscule, et dans une page, quand il y en a quatre ou cinq, ça saute aux yeux. Va pour WC et TGV, j’ai déduit que le RMI était une sorte de bien-être social, mais BRED, AP-HP, SMIC, RATP, SNCF, CGT, SES, EDF, SACD, JAF, et je ne viens encore que d’éplucher le livre au hasard.

Je ne veux même pas qu’on se mette à m’expliquer.

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