Le Chant des revenants
de Jesmyn Ward

critiqué par Nav33, le 29 mars 2020
( - 76 ans)


La note:  étoiles
Fantômes du Mississipi
Une famille au sud de l'état du Mississippi . Le grand père (Pop), un homme physiquement impressionnant taiseux et bienveillant , qui se tient très droit . Son petit fils (Jojo) attentif à tous les gestes et paroles de ce grand père bienveillant. Sa petite sœur de trois ans (Kayla), auprès de laquelle ce frère joue le rôle d'une vraie mère. La grand mère (Mam) rongée par un cancer depuis de nombreuses années . La mère (Léonie) incapable de jouer son rôle de maman. Michael le père est blanc . Il va bientôt purger une peine dans le pénitencier Parchman dans le nord de l'état.
Tout aussi présent dans le roman sont les fantômes des proches, toutes victimes de meurtres. Le premier à se manifester et à perturber Léonie était son frère (Given) tué par un cousin de Michael dans un soi-disant accident de chasse.
Une autre victime Richie hante le récit : c'était un adolescent de l'âge de Jojo qui à son jeune âge , fut envoyé à Parchman suite à des larcins de survie pour nourrir sa famille. A l'époque le grand père Pop était déjà à Parchman . Dans cet univers terrible il essaya de protéger Richie autant qu'il le pouvait . Il livre peu à peu des bribes du récit de cette relation, à son petit fils Jojo. On pressent que quelque chose d'atroce est arrivé .
Vient ensuite la nouvelle de la libération de Michael . Elle est l'occasion d'un long périple en voiture pour traverser l'état du Mississippi du Sud au Nord . A Parchman le fantôme de Richie va se révéler auprès de Jojo et ne le quittera plus , jusqu'au dénouement final.

Tout est en résonance dans cet univers les vivants , les morts , les plantes , les animaux. L'époque contemporaine est la pure continuité du passé de la société esclavagiste. Comme dans le roman « Beloved » de Toni Morisson l'histoire gravite autour d'un événement épouvantable , et de celui-ci née un fantôme. C'est aussi pour partie l'atmosphère de « Dans la nuit électrique » , le film de Bertrand Tavernier.
Ce roman est fascinant , cependant j'ai trouvé la dernière partie un peu trop étirée en longueur. Il y a des aspects répétitifs , mais cela est sans doute délibéré pour donner cette qualité d'un concert entre les personnages et les êtres qui les entourent chacun entonnant régulièrement son propre thème.
Magnifique ! 9 étoiles

Jojo, métis, est élevé par ses grands-parents avec sa petite sœur de trois ans dans le Mississippi. Ses parents sont drogués et sa mère Leonie l’emmène chercher son père Michael à sa sortie de prison dans un périple de plusieurs jours. Elle est totalement incapable de s’occuper de ses enfants et Jojo sert de protecteur à sa sœur. Jojo ne connaît pas ses grands-parents blancs parce qu’ils n’acceptent pas que leur fils soit avec une métis.
Cette famille traîne de lourdes casseroles concernant des défunts que certains d’entre eux peuvent d’ailleurs voir et/ou entendre : le frère de Leonie, Given, décédé jeune et Richie, un jeune adolescent co-détenu du grand-père noir.
L’auteure aborde le thème du racisme avec toutes ses injustices - sans pour autant en faire un plaidoyer - et de la maternité. Elle nous fait ressentir la détresse d’un enfant délaissé par ses parents, par une mère débordée par les blessures familiales découlant du racisme. Ce roman est donc tout en tension et le lecteur craint sans cesse qu’il n’arrive malheur aux enfants. Le récit alterne à chaque paragraphe entre Jojo, Leonie et Richie. C’est poignant et d’une grande sensibilité !

Pascale Ew. - - 56 ans - 26 mai 2020