L'oeil le plus bleu
de Toni Morrison

critiqué par Krys, le 14 janvier 2020
(France-Suisse - - ans)


La note:  étoiles
Rude humanité
Splendide ! Voici le premier roman de Toni Morrison, sorti en 1970.
Il dépeint à merveille une société américaine noire et pauvre des années 1930, à travers des fillettes d'une dizaine d'années.
Nous les regardons évoluer comme elles le peuvent entre des parents absents/alcooliques/incestueux, des voisins, des prêtres, des blancs condescendants/racistes...
Ce roman est dur, très dur. Mais l'est-il plus que l'humanité ? Non bien sûr, et c'est exactement cela que le lecteur reçoit en plein visage.
Les thèmes sont ceux des romans de Toni Morrison en général : le racisme, l'enfance et ici la pédophilie et l'inceste.
A lire, sans aucun doute.
Le racisme insidieux et ses corollaires 8 étoiles

Toni Morrison nous conte alternativement l’histoire de deux petites filles noires dans l’Ohio de l’après-guerre. Elles vivent toutes deux dans des familles pauvres, dont les mères sont au service des blancs et elles subissent le racisme banal du quotidien. Pecola Breedlove a un père qui boit et bat sa femme. Elle rêve d’avoir les yeux bleus...
Claudia et sa grande sœur Frieda sont les témoins de son histoire, impuissantes. La discrimination dont elles sont les victimes ne les rend pas toujours tendres non plus. La jalousie et l’envie les taraudent parfois. Et la misère se transmet de génération en génération.
J’aime beaucoup le style de Toni Morrison qui n’excuse rien, qui mêle poésie, folie, humanité et toutes nos faiblesses et nos complexités. Dans cette histoire, l’enfance s’envole petit-à-petit avec sa naïveté pour faire face à l’adversité et commencer à ériger quelques maigres défenses.

Pascale Ew. - - 56 ans - 31 juillet 2023