Elles m'attendaient...
de Tom Noti

critiqué par Nathavh, le 12 janvier 2020
( - 59 ans)


La note:  étoiles
Coup de coeur
C'est un véritable petit bijou que ce roman de Tom Noti. Merci aux éditions La Trace de découvrir et publier de formidables talents, des auteurs avec une plume authentique, différente procurant à chaque fois de l'émotion.

Croyez-moi, Tom Noti en fait partie et cette petite pépite remue, c'est un récit magnifique !

Halley a su au premier regard que Max serait l'Amour de sa vie; allez savoir pourquoi deux êtres si différents deviennent tout l'un pour l'autre.

Halley est solaire, directe, gaie, communicative. Max est taiseux, solitaire, maladroit, blessé, renfermé. Il traîne avec lui un lourd fardeau qui le fait se refermer comme une huître mais, une chose est certaine c'est avec Halley qu'il veut se marier, avancer.

Max est un bosseur, il travaille sur les chantiers, c'est un colosse aux pieds d'argile qui redouble d'efforts pour offrir tout ce qu'il faut pour le bébé qui va naître, car oui il va devenir père, créer une famille.

L'arrivée de Rosie sera pour lui la découverte d'un amour immense mais aussi la naissance d'angoisses, de peurs diverses. Celle de perdre cet amour, de lui faire du mal, ses démons se ravivent à lui, sa blessure est à vif.

C'est bien d'amour qu'il est question, l'amour dans toutes ses formes, dans tous les sens, l'amour du couple, celui de la famille, l'amour père-fille, fille-père, fille-mère...

Un amour c'est fort, puissant mais tout aussi fragile. Max a peur de faire mal, de faire souffrir comme il a souffert. Il adore sa fille Rosie plus que tout, elle aime son père et l'admire, c'est lui qui lui transmet sa force. Il sera aussi pour Halley l'amour de sa vie même si tout basculera lors d'un accident de chantier, un destin hors du commun... Non, je ne vous en dirai pas plus, à vous de le découvrir dans cette superbe lecture.

C'est un roman choral bien construit où par le biais de courts chapitres qui donneront le ton du roman. Chacun tour à tour se livre, se raconte. L'écriture est simple, fluide, poétique, bienveillante. Tom Noti donne beaucoup de profondeur à ses personnages parfaitement aboutis.

La vie pourrait dans leur cas être sombre, noire même mais jamais les protagonistes ne tombent dans ces travers, au contraire. Ce texte est d'une humanité incroyable, d'une justesse et sensibilité très grandes. Sa lecture m'a remplie d'émotions.

Une histoire d'amour hors du commun où un orphelin des sentiments communique à sa famille un amour inconditionnel dans le respect, tout en gardant une dignité, un amour à toutes épreuves.

C'est beau, à lire, à découvrir d'urgence. Inutile de vous le signaler c'est un immense coup de coeur. ♥


Les jolies phrases

L'absence de mes parents, ce désert de leur défaillance. J'y vivais esseulé, dans ce désert, depuis tant de temps. Un petit nomade, un touareg, sans caravane, sans soleil. Juste le froid. J'avais vécu nuits et jours dans ce vide blanc, immaculé et glacé. Plus Inuit que Touareg. Plus nuits que jours. J'avais toujours habité un igloo de sable. Pas un château. Un igloo. Toujours. Et malgré les soleils, mes plus infimes cellules étaient polaires. Jusqu'à ce qu'Elle pose ses yeux sur moi, que mon réchauffement climatique s'amorce. Rien à faire de l'écologie ! Laissez fondre ma banquise sous le charbon ardent de ses yeux trop noirs.

J'étais un orphelin des sentiments, un méfiant de l'attachement, un vagabond des liens humains. Elle seule m'avait attrapé au lasso de son sourire.

Alors, les nuits sont devenues blanches. Pas comme ces feuilles qui attendent les mots d'une histoire, le dessin d'un enfant. Mes nuits étaient blanches comme la neige des sommets où l'on ne peut pas vivre, où rien ne pousse, où rien ne survit à part les quelques espèces rares... Un endroit où l'oxygène est si précieux que l'on ne respire qu'au compte-goutte.

Les malades sont une population à part de la vie. Comme les gens qui vont à la montagne et qui pleurent parce qu'il fait froid. Tu as froid, tu te couvres, tu te protèges. Le froid, tu n'y peux rien, tu n'as pas d'influence sur le climat, il me semble... Alors, tu fais avec, tu fais contre plutôt. La maladie, les douleurs, c'est pareil. Une fois que tu es à l'hosto, c'est plus la peine de se plaindre. Tu es sur la piste noire, rouge ou bleu, peu importe, mais faut descendre en tombant le moins possible et en faisant vite. Enfin, je suppose, parce que moi, le ski, je n'en ai jamais fait. Mais ça doit être grosso modo la même chose pour tout ce qu'il t'arrive dans la vie... Tu te tais si tu n'as rien d'intéressant à dire pour changer la donne. Tu te tais si tu n'y peux rien.

La sueur pour gagner est moins amère que les larmes de perdre.

Regarde autour de toi, Rosie, il y en a toujours l'un des deux qui aime dans un couple et l'autre qui accepte l'amour. Un qui donne, et l'autre qui reçoit. Il y en a toujours un qui aime plus que l'autre. C'est mathématique, il n'y a pas d'égalité des sentiments.