Le fil de nos vies brisées
de Cécile Hennion

critiqué par Colen8, le 5 janvier 2020
( - 82 ans)


La note:  étoiles
La tragédie des enfants d’Alep
Des témoignages sobres mais précis de survivants courageux évacués d’Alep jusqu’en décembre 2016 à l’issue d’une atroce guerre civile ont été recueillis pour la mémoire par l’ancienne correspondante du Monde à Beyrouth, Cecile Hennion arabophone très au fait des tensions du Moyen Orient. Alep, plus de 2 millions d’habitants, ville de légende sans doute la plus ancienne cité du monde qui aurait eu la visite du prophète Abraham se tient à carreau depuis le siège subi en 1980-81, quand surviennent en mars 2011 les premières manifestations révolutionnaires anti-Assad se voulant pacifistes avant tout. Dans la partie Est vivent des familles simples issues des tribus bédouines traditionnelles sunnites en majorité, ayant su rester dignes face à la menace des services de renseignement omniprésents. Elles et leurs enfants seront une cible privilégiée jusqu’à la destruction de la ville dans le but de tuer ou de faire fuir tous ses habitants. Durant ces longues années de souffrances et de deuils ils continueront à se soutenir, à vivre, à s’aimer, à espérer un avenir meilleur jusqu’au dernier jour avant l’exil sans retour.
D’abord engagée par les gaz lacrymogènes la répression s’accentue jusqu’à devenir meurtrière quand la police tire à balles réelles sur les défilés des jeunes manifestant dans les chants et la bonne humeur. Arrestations sommaires et tortures se multiplient renforçant la détermination de ces premiers rebelles. Puis ça dégénère avec l’entrée des armes dans la ville, la présence de l’Armée Syrienne Libre (ASL) aux portes, l’infiltration par les brigades des djihadistes étrangers du Front al-Nosra, la prise de pouvoir de Daech et de ses combattants qualifiés d’abrutis complets finalement chassés par l’ASL. Plus tard le Régime honni attaque civils et militaires en visant les hôpitaux, les écoles, les marchés pour y faire le maximum de victimes. Il s’y prend avec les snipers postés sur les toits, les loyalistes visant à l’arme automatique, les missiles tirés d’hélicoptères, les bombardiers lâchant nuit et jour des bombes-barrils (à fragmentation et/ou au chlore). Quand la Russie entre dans le conflit frappant à l’aveugle avec des armes encore plus dévastatrices la ville se transforme en cimetière.
NB : Pour en savoir plus sur la bataille d’Alep : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Alep