Débâcles de Marie-Pier Poulin

Débâcles de Marie-Pier Poulin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 2 janvier 2020 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 6 étoiles
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Les Inuit

Certains villages inuits sont érigés le long de la Baie-James au Nunavut (nord du Québec). L’ancien Premier ministre Robert Bourassa y a fait construire un barrage hydroélectrique en détournant une rivière qui servait de réservoir alimentaire aux autochtones. Le manque de considération caractérise les qalunaats (les blancs) à leur égard. À la suite d’Agaguk d’Yves Thériault, l’auteure, qui a grandi chez les Inuit, explore cette filière peu reluisante.

Elle dévoile le comportement de ceux qui s’enrichissent en plongeant ce peuple dans la nécessité. Les fruits de leur chasse et de leur pêche sont à peine rétribués. Depuis 1670, la compagnie de la Baie d’Hudson est seule à faire la traite des fourrures avec eux. Si l’on refuse ses prix, on a le bec à l’eau. Elle détient un pouvoir économique honteux qu’elle exerce au détriment de ses fournisseurs

Le roman relate toutes leurs frustrations, facteurs contribuant au haut taux de suicides au sein de la communauté. Ou c’est avec l’alcool que l’on se réconforte. Les conséquences ne sont pas plus opportunes. En somme, on détruit le filet social qui encouragerait les aspirations les plus légitimes. Les missionnaires venus les évangéliser ont aussi participé à l’extinction d’une culture nécessaire à se définir. Un Jésuite, le père Benoît, a bien compris cependant les enjeux auxquels était confrontée cette population en perte d’identité.

Ce bon prêtre a cru bon d’emmener un orphelin à son retour dans le sud, espérant par le fait même assurer à son protégé une éducation qui le grandirait à ses propres yeux. Comme il était d’usage, son prénom de Priairi disparut pour celui de Pierre. Que d’autochtones ont perdu leur nom en échange d’une identification occidentale !

Le jeune Pierre s’est bien adapté à son nouveau milieu. Soutenu par le père Benoit, il a entrepris des études en médecine et s’est épris d’Anna, une blanche qui le comble. On peut quitter le Nunavut, mais peut-on effacer la contrée inscrite dans le cœur des Inuit. L’appel du nord retentit trop fortement pour y rester sourd. Le protagoniste s’envole donc pour sa terre natale.

Le retour n’est pas simple. Pierre doit renouer avec une langue qu’il a perdue lors de son long séjour dans le sud. Qui plus est, il est considéré comme un étranger par ses congénères. Il faut prouver qu’il est bien des leurs en s’impliquant au cœur du clan pour défendre leurs intérêts. Heureusement, il parvient à s’y nicher et même à s’amouracher d’une Inuite. Dilemme déchirant. Qui d’Anna ou de Lisi gagnera finalement le cœur de Priari qui a retrouvé son prénom ?

Le roman n’est pas dépourvu d’intérêt. L’auteure touche le cœur de la dynamique inuite. Mais il reste la manière. On dirait l’oeuvre d’une étudiante dont l’écriture en est encore à ses premiers balbutiements. On ne sent pas de souffle qui entraîne le lecteur vers le dénouement. C’est long à lire même s’il n’y a que 217 pages. Et les relations entre les personnages sonnent faux, en particulier celles entre le Jésuite et l’orphelin. Les émotions évoluent dans une atmosphère de sentimentalité qu’un narrateur trop présent orchestre en battant la mesure exagérément. C’est flamboyant sans être touchant.

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