Menus souvenirs de José Saramago

Menus souvenirs de José Saramago
(As pequenas memórias)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par SpaceCadet, le 2 janvier 2020 (Ici ou Là, Inscrit(e) le 16 novembre 2008, - ans)
La note : 6 étoiles
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Souvenirs épars

Attiré par ce que le titre annonçait c’est également l’envie de découvrir comment Saramago négocierait avec le genre autobiographique qui m’a incité à lire ce recueil de mémoires. Pourvue d’un ton poétique et de jolies descriptions, l’entrée en matière laissant présager un beau moment de lecture, je m’attendais donc à un livre constitué de menus souvenirs délicatement tissés par une prose travaillée. Mais au-delà des premières pages, la suite, plutôt fragmentée, est servie par une prose taillée sur mesure dont le ton aimable évoque plutôt la conversation que l’envolée lyrique. Et, si derrière cette prose, que j’ai trouvée un tantinet aseptisée, on peut percevoir la candeur du garçon qu’il a été, de manière générale on sent de l’inconfort par rapport au genre littéraire, un inconfort qui semble parfois s'entremêler de timidité, voire de pudeur.

Valsant entre enfance et adolescence, puis entre Lisbonne et Azinhaga (où l’auteur est né), les épisodes relatés se situent pour la plupart au cours des années ’20 et ’30, alors que le Portugal est passé (en 1926) d’une monarchie constitutionnelle à un régime autoritaire et que son voisin l’Espagne est en proie à (dans la seconde moitié des années 1930) une guerre civile qui aboutira à un régime dictatorial; circonstances significatives s’il en est, mais qui n’en sont pas moins brièvement ou discrètement évoquées par l’auteur.

Décrivant les lieux, les personnes, les ambiances et les événements qui l’ont marqué, l’auteur nous livrant tout cela tel que sa mémoire arrive à le retracer et à le reconstruire, ces chapitres de vie souffrent parfois d’imprécision (un fait que l’auteur reconnaît d’emblée) tandis que dans certains cas on devine qu’ils aient pu être ‘recomposés’ pour les besoins du livre.

Bref, constitué de fragments de vie et de souvenirs livrés de manière plutôt éparse, c’est un livre dont la construction s’apparente donc plus à une série de vignettes qu’à une autobiographie en bonne et due forme et cela est d'autant plus ressenti que d'un événement à l’autre, les enchaînements sont souvent ténus, parfois forcés. A cet effet, il me semble qu’eurent t’elles été intégrées au corps du texte, les photographies présentées à la fin du livre auraient non seulement pu palier à cette faiblesse en jouant un rôle unificateur, mais au surplus elles auraient pu avoir un impact plus tangible, propre à éclairer l’esprit du lecteur.

Quelques traces d’humour, d’autodérision et de la tendresse pour ‘ses personnages’, le tout livré sur un ton assez proche de la parole, contribuent à faire ressentir la proximité de l’auteur, un peu comme s’il était devant nous en train de raconter l’histoire qu’il nous livre. Mais en dépit de cette saveur confidentielle, et bien que finement tissé, l’ensemble manque de substance, et si cela n’émanait pas de la plume d’un auteur de cette envergure, je ne suis pas sûr que ce livre aurait présenté le même intérêt.

Note : Lu en version traduite vers l’anglais par Margaret Jull Costa

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