Dracula
de Bram Stoker, Georges Bess (Scénario et dessin)

critiqué par Blue Boy, le 27 décembre 2019
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Eternel Dracula
On ne compte plus les adaptations du célébrissime roman fantastique de Bram Stocker, l’un des pères fondateurs de ce que l’on s’accorde à définir aujourd’hui par « Pop-culture ». Un roman qui a donné naissance au mythe du vampire, un personnage iconique protéiforme créé à partir d’une figure historique, à la fois monstrueux et séduisant. Dracula n’a jamais cessé d’incarner toutes nos peurs les plus profondes tout en exerçant une immense fascination par son pouvoir à accéder à la jeunesse éternelle en se repaissant du sang des vivants, et, selon son bon vouloir, en la transmettant à ses victimes. Aujourd’hui, c’est Georges Bess, auteur multi-facettes, qui nous livre sa propre version en bande dessinée.

Ce qui saute aux yeux ici, c’est évidemment la puissance du graphisme qui vient magnifier le roman de Bram Stocker. Georges Bess, décidément attiré par ces créatures de la nuit assoiffées de sang (« Le Vampire de Bénarès »), nous livre un hommage plus que respectueux au récit original, en prenant à peine quelques rares libertés par rapport au scénario. Et pour un hommage à ce chef d’œuvre gothique, quoi de mieux que le noir et blanc, même si ici c’est le noir qui l’emporte, avec un encrage tout en dentelles — parfois un rien surchargé —, pour un résultat virtuose à la beauté vénéneuse. S’inspirant des comics américains dans la forme, le vieux routier admirateur de Moebius a usé de tout son talent dans cette production, évitant l’académisme propre au genre en laissant son intuition décider d’une mise en page très libre qui se déploie telle les ailes d’une chauve souris lors d’une nuit sans lune…

Ceux qui connaissent le roman ne seront pas surpris outre mesure par les divers rebondissements — ils pourront même ressentir une certaine frustration devant tant de loyauté de la part de Bess —, mais force est d’admettre que le neuvième art vient d’accoucher ici de sa meilleure adaptation, qui suscitera à n’en pas douter le plus grand ravissement chez les aficionados, à la fois du genre et de l’auteur.