Correspondance
de Stefan Zweig, Sigmund Freud (Co-auteur)

critiqué par Sahkti, le 12 juillet 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Respect admirable
Toujours la psychanalyse fut une source d’inspiration pour Stefan Zweig et Freud son modèle (dans "La guérison par l’esprit", Zweig notera "Avec l’évolution de la psychologie on assiste à l’éclosion d’une nouvelle littérature psychologique. De nos jours Freud en est un exemple").
L’écriture de Zweig ressemble la plupart du temps à une analyse psychologique et cette correspondance éditée entre les deux grands hommes démontre que l’écrivain a envoyé toutes ses œuvres à Freud, qui chaque fois y réagit, commentant, critiquant, félicitant, bref ne restant jamais indifférent aux envois de Zweig.
Merveilleuse correspondance faite de respect, d’admiration, de chaleur, d’amitié et également de critiques, les deux hommes s’estimant réciproquement et n’hésitant pas à dire à l’autre ce qu’ils pensaient sincèrement.
L’univers hitlérien les anéantira, en particulier Zweig qui ne peut supporter ce qui arrive au monde et choisira de quitter celui-ci à coup de Veronal.
Zweig en parle avec beaucoup de pudeur dans son autobiographie ("Le monde d’hier") et relate ses derniers entretiens avec Freud au sujet de la guerre et des horreurs qui en découlent ("Au cours de ces heures passées en sa société, j’avais souvent parlé avec Freud de l’horreur du monde hitlérien et de la guerre. En homme vraiment humain, il était profondément bouleversé, mais le penseur ne s’étonnait nullement de cette effrayante éruption de la bestialité. On l’avait toujours traité de pessimiste, disait-il, parce qu’il avait nié le pouvoir de la culture sur les instincts ; maintenant, il n’en était, certes, pas plus fier, on voyait confirmé de la façon la plus terrible son opinion que la barbarie, l’instinct élémentaire de destruction ne pouvaient pas être extirpés de l’âme humaine", pages 492-93).
Zweig avait, tout comme Freud, peur de la guerre, ses écrits en témoignent, en particulier son journal.
Sans parler de cette dette dont il se sent redevable à l’égard de Freud à qui il estime devoir son inspiration et sa compréhension du monde. Plusieurs lettres en témoignent comme celle du 3 novembre 1920 : "J’appartiens à cette génération d’esprits qui n’est redevable presque à personne autant qu’à vous en matière de connaissance, et je sens, avec cette génération, que l’heure est proche où votre exploration de l’âme, d’une si considérable importance, deviendra un bien universel, une science de dimension européenne".

Beaucoup de respect dans cette correspondance, entre eux, mais également de ma part, en tant que simple lectrice.