Rhapsodie italienne
de Jean-Pierre Cabanes

critiqué par Veneziano, le 15 décembre 2019
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Amitié, séparation et mort sous le fascisme
Deux soldats italiens se lient d'amitié pendant la Première guerre mondiale, alors que le pays tente de conquérir des territoires.à l'Autriche et que tout les sépare a priori. Lorenzo, de Vérone, dans le Nord, vers Venise, est issu d'un milieu bourgeois, alors que Nino, Sicilien, d'origine modeste, fuit les ennuis qu'il s'est créé. Lorenzo convole secrètement, une fille naissant de son union, alors que Julia, son épouse meurt. Cela horrifie sa famille, mais son statut de héros de guerre, ayant perdu une main au combat, sauve l'honneur. Puis arrivent la montée des fascistes et l'accession de Mussolini au pouvoir. Nino s'y montre farouchement hostile, alors que Lorenzo gravit les échelons du nouveau régime. Aussi devient-il Prefetissimo en Sicile, soit Préfet doté de pleins pouvoirs. Et c'est là que les deux lascars se retrouvent, pas véritablement pour le meilleur.
Lorenzo devient général et continue à se rapprocher du Duce, dont il assiste à la chute et qu'il soutient jusqu'au bout, de manière presque "romantique", si une telle chose reste possible en pareil contexte. Sa fille désapprouvant catégoriquement son engagement, au point de s'installer en Union soviétique.

Ce roman tient de la saga tant familiale et personnelle qu'historique, l'Italie, pays unifié tout récemment, constituant le personnage principal de cet ouvrage, ce que ne cache pas son auteur qui s'en explique en prologue. L'intrigue est menée de manière simple et claire du point de vue du style, les rebondissements et la richesse des faits habillant déjà suffisamment la narration pour ne pas la surcharger davantage. Le déroulé du récit en devient d'autant plus haletant. J'ai beaucoup aimé ce livre qui en apprend et qui analyse bien les méandres et les contradictions de la psychologie humaine en situation d'urgence.
un monument 9 étoiles

« Rhapsodie italienne
Roman de Jean Pierre Cabane
726 pages
octobre 2019

Comme beaucoup de jeunes italiens, Nino et Lorenzo se retrouvent sous les drapeaux en 1915 contre l' Autriche...
La vie et leur histoire personnelle ont conduit l'un et l'autre à s'enrôler.
Ils ne se connaissaient pas mais se sont appréciés en combattant côte à côte et héroïquement....
Séparés par la suite ils se retrouvent plus tard dans des camps opposés, si on peut dire ça, l'un, devenu officier, a suivi Mussolini dans son aventure fasciste, tandis que l'autre, sicilien, s'est transformé en chef mafieux....
Ils vont finir par se revoir et se combattre mais, le passé et l'histoire commune ne sont pas gommés.....
Comme l'ont rapporté de nombreux acteurs , dans leurs mémoires, durant la dernière guerre, des personnes appartenant à des camps opposés ont toujours refusé de collaborer ensemble mais aussi de se faire les dénonciateurs voire les exécuteurs de leurs proches ….
Dans ce roman monumental et passionnant qui nous fait vivre une période cruciale de l'histoire italienne qui dure plus de 30 ans, l'auteur nous montre que l'engagement politique et militaire chez ceux qui ont des convictions n'est pas un frein à l'affection....
Nous ne sommes pas dans le même camp mais nous nous respectons et les sentiments demeurent.... l'un des héros est un général fasciste qui se retrouve un jour en face de sa fille, devenue cadre politique communiste.... Aucun des deux ne fait de concessions mais ils sont père et fille.
« Quant à ses engagements politiques, il n'y peut rien. L'expérience lui a montré qu'aucun discours ne peut convaincre sa fille de changer d'avis. Elle est de la même trempe que Julia -sa mère-. Une rebelle-née. Tant mieux, se dit-il finalement. Au moins, elle a du caractère. »
Le titre de cette œuvre me plaît car comme pour une rhapsodie, c'est épique et l'auteur qui a bien étudié cette période de l'histoire italienne, sans faire de cadeau aux personnes et à la politique de ces dirigeants fascistes, refait vivre certaines pages épiques et dramatiques où l'on voit des hommes contraints ou convaincus sacrifier leur vie dans des combats meurtriers ....
C'est une fiction certes mais qui revient sur des événements politiques et militaires qui ont eu lieu avec des personnages historiques qui ont bien existé...
Les femmes, bien présentes, n'accompagnent pas seulement« leurs » hommes, passionnées, elles jouent un rôle important et la fille de Lorenzo, héroïque, combat comme les autres soldats et sait se montrer dure et intraitable au feu.
La passion, l'amour, la fidélité flirtent avec la force, l'intransigeance et la haine dans un mélange étonnant et détonant.
C'est une fresque quasi historique passionnante mais attention, il est difficile de faire des pauses.... J'ai dévoré ce livre d'une seule traite ou presque.

Jean-François Chalot

CHALOT - Vaux le Pénil - 76 ans - 10 janvier 2020