La République injuriée : Histoire des offenses au chef de l'Etat de la IIIe à la Ve République
de Olivier Beaud

critiqué par Veneziano, le 8 décembre 2019
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Le traitement des offenses au chef de l'Etat
La loi de juillet 1881 sur la liberté de la presse a institué un délit d'offense au chef de l'Etat, à une époque où le président de la République, aux pouvoirs résiduels, incarnait la Nation par sa hauteur, les injures dont il faisait l'objet touchant ainsi davantage que sa personne. Sous Vichy, cette infraction pénale a pris un tour particulièrement répressif, les poursuites et décisions de justice ayant été particulièrement suivies, des sanctions sévères ayant été désirées et prononcées. De Gaulle a certes persévéré dans la volonté de poursuivre, mais de manière sélective, s'en prenant aux irrévérencieux venus de l'extrême droite, laissant bien plus paisibles ceux de gauche et d'extrême gauche. Ses successeurs s'étant montrés beaucoup plus libéraux en la matière, le délit en question a finalement été abrogé sous François Hollande.
Ce livre, pointu mais accessible, relate l'évolution d'un lien entre droit pénal, Constitution et pratique institutionnelle, de la fonction présidentielle comme des rapports entre l'exécutif et l'autorité judiciaire. Très pédagogique, cet ouvrage est rédigé de manière pointilliste, sur la pratique et l'évolution de la jurisprudence, des décisions de justice rendues en la matière. Un pan de notre histoire, qui ne reste pas si anecdotique que cela, est relaté en détail. C'est très instructif et fait réfléchir sur les rôles respectifs de la presse et de la justice vis-à-vis du pouvoir.