Les petits vieux d'Helsinki se couchent de bonne heure
de Minna Lindgren

critiqué par Septularisen, le 22 novembre 2019
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
«Nähdään!»*
Après leur petite escapade en colocation à Helsinki (ici sur CL : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/52889), nous retrouvons nos trois « drôles de dames » - Siiri Kettunen 97 ans, Irma Lännenleimu 94 ans et Anna-Liisa Petäjä 95 ans -, de retour à leur maison de retraite la bien nommée «Bois du Couchant»! .

Sauf qu'après les grands travaux, qui avaient forcé nos trois «petits vieux» (d’ailleurs en passant je dois dire que je n’aime pas beaucoup ces mots…), à l’exil, la maison de retraite a bien changé. Il y a maintenant des ascenseurs qui parlent, des murs intelligents, des vêtements qui surveillent vos constantes vitales et votre sommeil, des portes qui s’ouvrent avec des badges, des robots d’assistance et de nettoyage, des distributeurs de médicaments, et le comble de tout un Mange-automatique à la cantine…
Mais plus aucune présence humaine pour s’occuper d’eux!
La résidence vient en effet d’être rachetée par une compagnie boursière internationale, qui possède une chaîne d’établissements de soins de proximité, entièrement automatisés et dotés d’une technologie de pointe. La résidence fonctionne maintenant en circuit fermé, sans plus aucun être humain pour la superviser, ni aucune intervention extérieure nécessaire.

Les résidents subissent, non sans un certain humour et une grosse dose de flegme, les absurdités et les ratés d’une technologie de pointe… Mais, «Le Bois du Couchant» est peu à peu infesté par des rats qui rongent tous les câbles et pire que tout, par les volontaires d’une association chrétienne, lesquels semblent avoir pour unique but de faire signer aux résidents, des testaments en faveur de leur association!

Très vite Siiri et Irma n’en peuvent plus de leur «statut» de cobayes, et quand trois résidents meurent des suites d’une simple panne d’électricité, c’en est trop pour elles! La guerre est déclarée! Elles vont désormais tout mettre en œuvre pour se débarrasser des prédicateurs chrétiens et de la technologie un peu trop envahissante à leur goût…

Si ce dernier volet de la trilogie des «Petits Vieux d'Helsinki» est un peu plus «sombre» que les deux précédents, on rit quand même toujours beaucoup (même si parfois on rit «jaune»), notamment quand nos «petits vieux» (non, je n’aime décidément pas ce terme!), se retrouvent à se «battre» avec des appareils dotés d’une technologie qui les dépasse et dont il ne comprennent pas le fonctionnement!

C’est toujours aussi bien écrit, ce n’est bien évidemment pas de la «grande littérature», mais une bonne lecture divertissante pour se changer les idées, - dans la droite ligne des livres de l’autre finlandais, Arto PAASILINNA (1942 - 2018) -, qui se lit en quelques heures. C’est d’ailleurs très bien traduit par M. Martin CARAYOL, qui arrive ici à nous retransmettre magnifiquement toutes les subtilités de la langue Finnoise.

Il faut aussi y voir une critique acerbe de la société actuelle par Mme. Minna LINDGREN (*1963), notamment en ce qui concerne le «triste sort» que nous réservons aux personnes (très) âgées, dont plus personne ne veut/peut s’occuper et que la société considère comme devenues inutiles. Et pourtant, si ce livre nous «montre» quelque chose, c’est bien que l’on a toujours quelque chose à apprendre de nos anciens!

(*) : En finlandais : «Au revoir!».