Guerres froides
de Virginie Lou

critiqué par Cédelor, le 20 novembre 2019
(Paris - 52 ans)


La note:  étoiles
La vie est faite de petites et de grandes guerres froides
Virginie Lou, une auteure inconnue pour moi, avant que je découvre que j’avais un livre d’elle dans ma petite bibliothèque maison : « Guerres froides ». J’ai dû le trouver quelque part, l’avoir estimé intéressant à lire, le rapporter chez moi et le ranger dans l’armoire dévolue aux livres (qui déborde !) et l’oublier.

X années plus tard, tiens, je le retrouve. Comme je me sentais dispo, je le prends pour le lire de suite, curieux de savoir de quoi il parle. Après tout, il n’est pas bien gros, je devrais le finir vite. Et oui, je l’ai fini vite, en effet. Mais moins facilement que je le croyais. C’est que le style et l’histoire ne se prête pas à une lecture facile et rapide !

En commençant le livre, j’ai été immédiatement plongé dans le récit, sans aucun temps de préparation ! C’est-à-dire que l’auteure nous parle immédiatement de ses personnages sans nous les présenter, de dire qui est qui et qui est le parent de qui. Non, au lecteur de comprendre peu à peu quels sont les personnages et leurs liens entre eux. Et le récit va de l’un à l’autre sans transition, et il est vrai qu’au début, il y a confusion, on s’y perd, mais faut s’accrocher, peu à peu, on acquiert des repères et enfin les personnages nous apparaissent clairement ce qu’ils sont. Et on n’est pas aidé par le style ! Un style enroulé sur lui-même, tout en avance et retour, comme quand on appuie les touches d’une télécommande, qui va de l’un à l’autre, du présent au passé et retour, de telle époque d’un personnage, quand il était enfant à une autre quand il était jeune adulte puis quand il est à l’âge mur, d’un mort vers l’époque où il était vivant, etc. En bref, un récit qui ne laisse aucun repos et exige une attention soutenue de la part du lecteur. Mais tout est très bien maîtrisé, ça ne s’éparpille pas, c’est une performance littéraire en soi, je trouve.

Voilà pour la forme. Quant au contenu, il est aussi déroutant. Une histoire pas franchement joyeuse, et même pas du tout ! Autant que je me rappelle, il n’est pas raconté dedans des moments de joie, mais seulement des moments de doutes, d’interrogations, de souffrances, de peurs, de désespoirs, de colères, de jalousie,… Et il y a même un meurtre ! Qui a tué le docteur ? Cela, on finira par le savoir, mais ça ne tourne pas autour que de ça. En fait, l’auteure brasse dans ce court récit (de 192 pages quand même, éditions Actes Sud), tout ce qui fait la part sombre de l’humain, ses vies difficiles et pénibles, ses espoirs déçus, ses amours trahis, ses certitudes battues en brèche, ses illusions effondrées, à l’image d’une montagne « qui s’écroule petit à petit et qui file vers le néant cosmique ». Son titre « Guerres froides », je l’interprète comme le fait que les humains sont le plus souvent plus ou moins en guerre froide les uns contre les autres, à l’image de la Guerre Froide entre les blocs occidentaux et soviétiques, des luttes continuelles, plus ou moins larvées, plus ou moins violentes, sans guerres franches et ouvertes, même pour l’amour. D’ailleurs, du communisme, il en est aussi question dans ce livre, entre autres thèmes !

J’ai trouvé que c’était bien décrit au plus près de la vie réelle. Ses personnages ont su me toucher et son histoire m’a intéressé. Quand je l’ai fini, j’ai ressenti un peu de peine à l’idée que je devoir sortir de ce roman et ne plus y revenir, j’avais bien aimé y être. Le signe que le livre est bon et qu’il mérite une note élevée.

Virginie Lou, une auteure qui m’a agréablement surpris et qui me donne envie de découvrir d’autres écrits de sa main, comme par ex, son seul autre livre qui soit critiqué sur CL, « Eloge de la lumière au temps des dinosaures », un titre intriguant et un thème intéressant.

À suivre !