Le Vide et le Plein : Carnets du Japon 1964-1970
de Nicolas Bouvier

critiqué par Sahkti, le 1 juillet 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Délicatesse japonaise
On sait l’attachement porté au Japon par Nicolas Bouvier, découvert lors d’un premier voyage en 1956 prolongé huit ans plus tard sur un paquebot des Messageries maritimes, avec femme et enfant. Un séjour de deux ans, des petits boulots de rédacteur et de traducteur qui permettent de survivre puis un retour à Genève. Vingt ans plus tard, Chronique japonaise livre les impressions et émotions de l’auteur extraites des carnets soigneusement annotés tout au long du voyage. La plupart de ces carnets étaient restés inédits, Eliane Bouvier a décidé de les rendre publics.
Avec la volonté de ne pas transformer le travail de Nicolas et de laisser ces notes telles quelles, nous offrant ainsi un panorama touchant de fragments, de sensations, de mots.

Le choix du titre (tout un symbole) renvoie à l’ouvrage "Le Dehors et le Dedans" (Editions Zoé) et oppose le Japon urbain et trépidant à la sérénité des temples et des grands espaces. La ville face à la campagne. Allusion, peut-être, aussi, à Nicolas Bouvier affrontant quelques tourments intérieurs qui ressemblent à de la dépression.
Ces carnets sont des parcelles de bonheur à déguster avec beaucoup de précaution tant ils sont fragiles et personnels. Nicolas Bouvier, par ces mille et une petites notes, porte un regard lucide et tendre sur le Japon et ses habitudes, sa culture, sa population, ses mystères et cet hermétisme parfois agaçant pour les Occidentaux.
Beaucoup de subtilité, comme toujours, dans l’écriture de Nicolas Bouvier, qui tente une approche en douceur, veut comprendre, observe, raconte sans juger ou rejeter. Cela donne une jolie fusion entre deux mondes, un œil extérieur ouvert sur tout et nous invitant à la découverte.

Ce n’est pas un carnet de voyage, ce n’est pas un journal intime, ce n’est pas une biographie ou un documentaire, c’est tout cela et plus encore.