Apprendre au XXIe siècle
de François Taddei

critiqué par Colen8, le 22 septembre 2019
( - 82 ans)


La note:  étoiles
A la manière des Savanturiers(1)
La curiosité naturelle chez les enfants, son corollaire le questionnement tous azimuts, vient en premier. La motivation traduit leur appétence à connaître, comprendre, chercher, trouver des réponses par eux-mêmes, avec l’aide bienveillante des parents, des enseignants, des adultes, mieux encore collectivement avec les autres enfants. Les Savanturiers(1) sont nés dans un atelier périscolaire d’Ange Ansour enseignante et du CRI(2) dont il est question ci-après. Leurs résultats remarqués par la Mairie de Paris ont été étendus de proche en proche à d’autres ateliers périscolaires, à des programmes élargis à la botanique comme à l’astrophysique, ont gagné le milieu scolaire de la maternelle au lycée professionnel jusqu’à obtenir en 2014 le label « La France s’engage ». Un cercle vertueux s’est ainsi mis en place qui ne cesse de croître au fur et à mesure que des opportunités œuvrant dans le même esprit se présentent. Les Savanturiers sont devenus au fil des ans une méthode d’éducation conservant l’esprit du chercheur déjà présent chez les très jeunes enfants.
Débarqué à 8 ans dans une cité populaire d’Avignon François Taddei rappelle les conditions mentales qui l’ont conduit à devenir chercheur en microbiologie et la suite après sa formation d’ingénieur à Polytechnique. Dès le plus jeune âge incité par ses parents à être curieux de tout y compris d’art et de culture et plutôt rebelle sur les bords il n’a cessé d’ouvrir des voies inhabituelles, à sortir des sentiers battus. Vite convaincu par l’observation de la vie bactérienne de la nécessité d’établir des échanges et passerelles entre disciplines trop cloisonnées il est à l’origine de la création du CRI(2) ayant pour mission de favoriser les collaborations interdisciplinaires entre les neurosciences, le numérique, les humanités, les biotechnologies sans négliger les savoirs des filières classiques. Une telle structure a pour objectif de préparer la société à ce qui a tout l’air d’un paradigme(3) infiniment plus rapide et percutant que n’a pu l’être l’invention de l’imprimerie il y a cinq siècles.
Il y a lieu de rendre notre pays plus apprenant, en même temps que l’Europe et le reste du monde qui agissent pareillement, en retenant ce que le numérique offre de meilleur, notamment la démarche collaborative dite « open source », sans omettre les réflexions d’éthique indispensables pour se prémunir de dérives malsaines toujours possibles, la bêtise pouvant être collective elle aussi. Comme le montrent les innombrables mouvements et réalisations collectés ici apprendre est d’abord une joie pour chacun, partagée avec les autres proches ou lointains et ce, tout au long de la vie.
(1) Du nom d’une émission de France Inter repris pour une expérience scientifique sur les fourmis menée avec le CRI(2) sous la supervision d’Anne Ansour dans une classe de CM1/CM2 à Bagneux (92) en Zone d’éducation prioritaire
(2) CRI : Centre de recherche interdisciplinaire créé en 2005 par François Taddei et Ariel Lindner avec le soutien de la Fondation Bettencourt-Schueller. Pour en savoir plus : https://cri-paris.org/les-savanturiers/
(3) Qu’il conviendrait d’appeler le choc du futur en référence à l’ouvrage éponyme « Le Choc du Futur » du futurologue Alvin Toffler (1970)