Trois incendies
de Vinciane Moeschler

critiqué par Pacmann, le 15 décembre 2019
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Les feux qui les brûlent
Trois générations de femmes avec comme points communs : la photo, les conflits et des blessures.

Léa, la grand-mère née dans un village de l’Ardenne belge a vécu la seconde guerre mondiale, l’exode et des drames qui toucheront deux de ses trois frères. Sa fille Alexandra, qui parcourt les points chauds du globe son appareil-photo en bandoulière, a vécu la guerre civile au Liban et en particulier le massacre Sabra et Chatila . Enfin Maryam, fille naturelle d’un futur kamikaze et d’Alexandra et petite-fille de Léa, se sent abandonnée et cherche sa place dans un monde si difficile à appréhender fera une sorte de voyage initiatique qui la conduira en Amérique du Sud à la recherche de sens à sa vie.

Pour ces trois femmes qui se sont construites dans la violence et le secret, l'auteure utilise le schéma classique de l’alternance des trois voies. Le parallélisme entre les époques fait la synthèse entre les différents conflits et leurs drames humains.

Une réflexion clé du livre qui laisse songeur. L’homme est censé être l’espèce la plus évoluée qui vit sur terre et pourtant capable de provoquer les pires horreurs, mais en second, juste derrière l’homme, le bonobo préfèrera organiser une partie de jambes en l'air pour apaiser les conflits et ainsi réconcilier le groupe.

Le point fort de ce roman, les passerelles entre les époques qui relient ces trois femmes entre elles.
Ce roman ambitieux, au style très abouti, qui se dévore littéralement est écrit au scalpel. Pas étonnant qu’il ait fallu quatre ans à l’autrice pour le construire.

Ce Prix Rossel 2019 est sans conteste un excellent choix du jury.