Une partie de badminton
de Olivier Adam

critiqué par Pacmann, le 18 mars 2020
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Un roman charnière sur sa propre carrière
En plantant le décor d’une famille en crise, d’un écrivain dans le creux de la vague et d’un environnement maritime grisâtre, on retrouve les éléments clé des romans d’Olivier Adam. L’auteur nous convie au spectacle habituel d'une harmonie familiale menacée, des carrières professionnelles chahutées, un mariage qui bat de l'aile, et des adolescents difficiles à gérer.

C’est assez lentement que l’écrivain va présenter le contexte qui a conduit le personnage principal, Paul, à ses errements. Vous aurez compris, on est loin du thriller scandinave. Comme souvent, malgré un récit assez fluide, c’est l’ambiance lourde et négative qui est bien privilégiée.

Donc, pas de surprise à attendre, mais certes une lecture agréable est au rendez-vous. Si Olivier Adam semble déjà avoir fait mieux dans son style si particulier, il n’empêche qu’il donne l’impression plus que dans d’autres bouquins de se mettre lui-même en scène, soit un écrivain peu lu, sûr de son talent et à la croisée des chemins.

Sur le style, rien de très original, la construction est romanesque et les thèmes abordés sont assez classiques (les milieux littéraires, la vie de couple, un monde politico-financier corrompu,…), mais peut-être ce roman serait-il plus un tournant dans la carrière d’Olivier Adam.

Comme moi et les affidés de l’auteur apprécierons ce dernier roman sans trop être déçu, mais attention à un risque de lassitude qui pourrait gagner nos esprits si l’originalité n’est pas au rendez-vous des prochains romans.
Faits divers à Saint-Malo 7 étoiles

Je l’aime bien ce Paul, le narrateur de La partie de badminton. Sa lassitude, sa lucidité sur lui-même, ses faiblesses, m’ont touché. Il évoque avec pudeur ses difficultés à communiquer avec ses proches, ses amitiés, qu’il a laissé filer entre ses doigts, ses errances géographiques (j’habite un coup en Bretagne, un coup à Paris, je reviens en Bretagne...). Cette introspection est faite de questionnement, sur la vie, sur sa dureté, sur le sens finalement qu’il y a à tout ça. La réflexion sur l’aménagement du territoire (Paris est-il le lieu où tout se passe, en particulier au niveau de la culture ?) est aussi particulièrement bien amenée (à travers le travail de Paul, journaliste).

Tout l’art d’Olivier Adam, que j’ai beaucoup apprécié je dois dire, est d’habiller cette introspection, qui aurait pu s’avérer nombriliste, fatigante, étriquée (ah le milieu littéraire parisien et ses petits arrangements !) par une véritable histoire, presque policière. Il s’en passe des choses dans ce roman, des rebondissements, des fils qui s’entrecroisent, des tensions, qui viennent nourrir les questionnements de Paul, et réciproquement. En un mot : je ne me suis pas ennuyé, au contraire, et c’est très bien comme ça, sans parler de références réussies à l’actualité du moment ni de sa prose très agréable et travaillée.

Les esprits chagrins pourront reprocher à l’auteur d’en avoir peut-être d’ailleurs, dans la dernière partie de son roman, même un peu trop fait, entre un premier dénouement dramatique et une conclusion finale presque franchement feel-good. Mais cela montre qu’Olivier Adam, sans doute, n’a pas peur des contrastes ni des numéros d’équilibristes !

Fanou03 - * - 48 ans - 18 août 2020