A la Courbe du Joliba
de Maryse Condé, Letizia Galli (Dessin)

critiqué par Tistou, le 4 septembre 2019
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Joliba (Djoliba), le fleuve Niger en mandingue
A la courbe du Joliba est un ouvrage jeunesse, donné pour un public de plus de huit ans. Le texte est illustré, joliment, par Letizia Galli.
Il ne s’agit pas d’une histoire caribéenne mais d’une histoire africaine, de l’Ouest de l’Afrique, entre Côte d’Ivoire et Mali, région d’origine de la population afro-caribéenne.
Une histoire tragique puisque sur fond de simili guerre civile ivoirienne, du temps ( ?) où les ethnies se déchiraient entre elles. Le père d’Aïcha et de ses sœurs est parti prendre part à la lutte avec les siens, l’ethnie Mandé. Aïcha, Réhane et Salima, ses sœurs, et sa mère, Safie, quitte le pays pour se mettre en sécurité. Elles partent pour le Mali où réside sa tante, la sœur de Safie. Voyage en autobus sur-bondé, comme de bien entendu en Afrique, passage de la frontière de nuit à Fraïka, avec des douaniers maliens réticents, puis grand taxi pour Bamako, premiers contacts avec le Sahel pour les fillettes, finalement pas si différent du nord de la Côte d’Ivoire.
De Bamako les plus jeunes sœurs et Safie prennent le « Général Soumaré », bateau à aube qui remonte le cours du fleuve, vers Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao. Gao, le terme du voyage de la petite famille.
Maryse Condé raconte tout ceci de manière factuelle, sans vibrations superflues de la corde émotionnelle et « informe » clairement sur ce qu’est la réalité dans ces pays d’Afrique de l’Ouest. Pas l’enfer – au moins en l’absence de zones de conflits – pas le paradis non plus. Mais des pays où des petites filles peuvent mener des vies de petites filles, certes différentes de celles de petites filles européennes mais pas forcément moins intéressantes non plus. Cela dénote d’un amour et d’une connaissance profonde de cette région d’Afrique de la part de Maryse Condé.
On ne retrouve pas dans cet ouvrage la part d’onirisme si souvent présente dans les écrits caribéens. On est plutôt dans le factuel ici. Un factuel bien illustré par Letizia Galli …
Quand l’ouvrage se finit, nous sommes à l’orée des vies d’adolescentes de ces jeunes africaines. A la courbe du Jolima ne fait que relater le trajet qui les met à l’aube de ce nouvel âge pour elles :

»Ce qui se profilait au bout de la courbe du fleuve, c’était l’adolescence, ses périls et ses joies. »