Contes et nouvelles en vers
de Jean de La Fontaine

critiqué par Eniotna, le 28 juin 2004
(Savenay - 36 ans)


La note:  étoiles
Un hommage à Cupidon...
Je suis surpris que personne n’ait encore parlé des Contes et Nouvelles en Vers de ce cher La Fontaine. J’ai longuement hésité sur le choix du genre pour ce livre et j’ai finalement opté pour « Erotique » car je pense que c’est plus dans l’esprit de l’ouvrage. En réalité, il n’y a pas d‘érotisme à proprement parler : l’adjectif « licencieux » convient beaucoup mieux.

Avant de redécouvrir Esope et ses fables afin d’éduquer pour longtemps la jeunesse en poésie, La Fontaine dans ses jeunes années est plutôt allé vers Boccace, d’autres auteurs italiens ou encore le Decameron pour se régaler de leurs récits grivois. Le jeune poète s’est alors laissé transporter par ces histoires abracadabrantes et cocasses puis les a rapportées en vers. Avec une virtuosité remarquable (c’est d’ailleurs par ses Contes qu’on l’a d’abord remarqué), il a entrepris l’impossible : doser soigneusement un mélange de préciosité et de légèreté pour faire passer ces récits lubriques auprès de la société du XVIIème siècle.

Tout l’intérêt, toute la saveur de l’œuvre sont contenus dans cet alliage précieux du conte libertin, scabreux et de la finesse du vers : quelques éclats de rire sont garantis au détour de ces pages formidablement écrites. Le vers du XVIIème siècle est parfois un peu difficile à digérer au départ, mais pour ceux qui veulent vraiment s’accrocher, l’édition Folio est très bien annotée et, au bout de trente page, on ne sent plus aucune gêne.

Il ne me reste plus qu’à vous en donner un passage et à vous souhaiter bonne lecture.
Eniotna

Comment l’Esprit Vient aux Filles (Nouveaux Contes) :

Il est un jeu divertissant sur tous,
Jeu dont l’ardeur souvent se renouvelle :
Ce qui m’en plaît, c’est que tant de cervelle
N’y fait besoin, et ne sert de deux clous.
Or devinez comment ce jeu s’appelle.

Vous y jouez ; comme aussi faisons-nous :
Il divertit et la laide et la belle :
Soit jour, soit nuit, à toute heure il est doux ;
Car on y voit assez clair sans chandelle.
Or devinez comment ce jeu s’appelle.

Le beau du jeu n’est connu de l’époux ;
C’est chez l’amant que ce plaisir excelle :
De regardants pour y juger des coups,
Il n’en faut point, jamais on n’y querelle.
Or devinez comment ce jeu s’appelle. […]