Mémoires de Satan, essai sur la manière de bien faire le mal et de mal faire le bien
de Alain Didier-Weill

critiqué par Sahkti, le 27 juin 2004
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Quel homme ce Satan!
Que de confusion, souvent, entre Satan, Lucifer, Belzébuth et autres damnations de la Création. On ne sait plus qui est qui ou si ce sont tous les mêmes. Après tout, au tout début, Satan était Lucifer, un ange porteur de lumière, porte-parole du "fiat lux", puis une sombre querelle autour du pouvoir (c'est universel ça, la lutte pour le pouvoir!) et patatras, la lumière devient obscurité, Lucifer se révolte et s'amuse à dire ses autre vérités au Créateur. Qui les mérite un peu, soit-dit en passant. On ne crée pas le Bien sans Mal (sinon, pourquoi dire Bien, sans opposition à quelque chose) et puis, à force de donner de la lumière, du savoir et toutes sortes de choses à des gens pas forcément bien intentionnés, un jour ou l'autre, ça se retourne contre vous. Demandez, par exemple, à la famille Bush si elle ne regrette pas d'avoir aidé la famille Ben Laden en son temps. Là encore, d'ailleurs, n'a-t-on pas sorti à outrance la formule diabolique de "L'Axe du Mal". Brrrr!

Bref, ce pauvre Satan si décrié a décidé de se confier à Alain Didier-Weill, qui n'en est pas à son coup d'essai question diableries, il connaît bien l'artiste et sait comment lui parler. D'autant plus qu'il est psychanalyste, ça aide, c'est certain.
Le procédé employé est sympathique et la formule "se faire l'avocat du Diable" trouve ici toute sa saveur.
Le contenu est intéressant, même si survolé trop hâtivement par moments à mon goût. Le fautif dans l'histoire, c'est Dieu et personne d'autre. Pas de bol pour lui, quand il a lancé sa formule magique de Création, il y a eu un bug et blam, Satan est apparu un fragment de seconde trop tard. De quoi provoquer la faille qui a donné naissance au Mal, la perfection n'ayant jamais existé puisque la recette magique de la Création a lamentablement foiré. Plus rancunier qu'on ne pense, Dieu a voulu faire porter le chapeau à Satan qui ne s'est pas laissé faire et depuis lors, dans toute l'histoire de l'Humanité, c'est à une guerre sans merci que se livrent nos deux bonhommes.
D'ailleurs, Satan vous emmène dans une petite visite guidée du cerveau et de ses recoins les plus sombres (encore une fois la faute à Dieu, l'homme, c'est sa création et puis il l'a faite à son image hein!), il vous apprend tout sur le péché originel et vous parle de quelques-uns de ses plus fidèles disciples.

Houla, ce livre est confusément riche en infos diverses et amusantes. La teneur n'a rien de très scientifique (quoique...) mais le résultat est plaisant. Alain Didier-Weill emploie un style vif et acide qui colle parfaitement au contenu de son texte. Et puis, oserais-je le dire, je me suis très rapidement attachée à ce personnage de Satan qui "racuspote" comme un môme et raconte son histoire avec beaucoup d'humour.