Les Illusions
de Jane Robins

critiqué par Reginalda, le 23 août 2019
(lyon - 57 ans)


La note:  étoiles
Dommage pour la fin
Callie et Tilda sont deux sœurs (jumelles pour le coup) qui forment le traditionnel duo des romans de suspense psychologique : l’une – Tilda – est belle, rayonnante et un peu garce, actrice de profession ; l’autre – Callie – est plus terne, plus effacée, libraire en attendant d’y voir plus clair. C’est évidemment Callie qui prend la narration en charge. Ce qu’elle nous raconte, ce sont les soupçons qu’elle nourrit rapidement à l’encontre de Felix, l’amoureux, puis le mari de sa sœur. Serait-il violent ? Aurait-il piégé Tilda dans une relation perverse dont elle serait incapable de s’extraire ? De soupçons en confirmations, de doutes en démentis, Callie progresse à travers une réalité malsaine qu’elle a du mal à déchiffrer. Et qui intrigue d’autant plus qu’on sait d’entrée de jeu que le fameux Felix est mort.
Les romans relevant du suspense psychologique, c’est un peu comme une tablette de chocolat : quand on a commencé, on a du mal à s’arrêter et ensuite, on a le sentiment d’avoir forcé sur le sucre. Avec « Les Illusions », l’effet a été exactement celui-ci pour moi : j’ai dévoré les deux premiers tiers avec avidité, car Jane Robins a su bâtir un univers inquiétant dont on accepte sans mal les différents éléments (un petit bémol toutefois en ce qui concerne les passages consacrés au passé des deux sœurs : là, trop, c’est trop), même lorsque le comportement de Callie semble parfois bien irréfléchi. De ce point de vue, le parallèle avec « Sisters », qui met lui aussi en scène deux sœurs, est parlant : les défaut du roman de Michelle Adams (invraisemblance, énigme dont le lecteur devine d’emblée la résolution…) sont absents des « Illusions ». Malheureusement, c’est soudain l’indigestion, la nausée, quand on s’achemine vers la résolution de l’histoire, tant elle semble peu convaincante, artificielle, presque bâclée.
La fin est très souvent le point faible de ce genre de roman et « Les Illusions » ne déroge pas à la règle. La nécessité de déjouer les attentes du lecteur pendant près de 300 pages oblige trop souvent les auteurs à des gymnastiques qui, quand on a l’habitude du genre, finissent par agacer. « Je n’aurais pas dû… », se dit-on un fois de plus. C’est bien dommage.