Le chant du loup
de Louis Owens

critiqué par Lejak, le 17 août 2019
(Metz - 49 ans)


La note:  étoiles
Résistance
Ecrit en 1991, Le chant du loup résonne plus que jamais dans la triste actualité des USA. Encore récemment (2017), un oléoduc a traversé une réserve Sioux dans le Dakota du nord en dépit des accords passés il y a longtemps avec le gouvernement, du respect des droits à la propriété, de la préservation de l'environnement et de la culture amérindienne.
Toujours les mêmes histoires.
C'est l'une d'elles que Louis Owens nous conte dans son roman Le chant du loup.
Tom, un Native originaire de l'état de Washington, a eu la chance de quitter sa vallée pour étudier en Californie. Une vraie chance à bien des égards, car les gens du coin ne font que très rarement des études supérieures, encore moins les Indiens.
Tom rentre chez lui pour l'été mais rien ne va plus. Son oncle est mort avant son retour. Il devait lui montrer bien des choses, des histoires sur leur peuple, des rites et des chants. Tom marchait dans les pas de son oncle et l'université l'en a éloigné... maintenant il est trop tard, mais peut-être pas pour tout.
Avant de mourir, son oncle luttait contre un nouveau projet, celui d'une mine qui permettrait aux habitants de la vallée de travailler alors que la filière du bois est en train de s'éteindre. Une nouvelle saignée dans les terres indiennes.
Alors que chacun a de bonnes raisons de pousser Tom à retourner à ses études (sa famille pour son avenir, les responsables de la ville pour éviter que Tom ne reprenne la lutte de son oncle), ce dernier surprend son monde en décidant de rester.

Le récit s'inscrit dans un environnement difficile, celui d'une vallée reculée où le travail est rare, de surcroît difficile. Les ouvriers bossent dur dans l'industrie du bois. Le travail est pénible et dangereux. Pour couronner le tout, les forêts se font rares et les exploitations ferment les unes après les autres. Alors quand un nouveau projet voit le jour, il n'est pas question de s'émouvoir pour des questions environnementales ou d'histoires de montagne sacrée. L'emploi avant tout.
Dans ce contexte, peu de place pour les Indiens qui sont des habitants de seconde zone. Souvent pauvres, alcooliques et sans travail, leur avenir dans la vallée est limité à une assimilation forcée et une perte d'identité.
L'oncle de Tom représentait une exception. Pour beaucoup, même ceux de son peuple, c'était un vieux fou.
Tom est intelligent, il fait des études. Il ne peut pas, il ne doit pas croire à toutes ces fantaisies, ces fables indiennes.
Plus les gens forcent Tom à penser comme eux et à le faire partir, plus il s'entête à faire le contraire.
Tom plonge alors dans ses souvenirs : les virées dans la forêt avec son oncle. Les histoires, les coutumes refont surface.

C'est une histoire magnifique qui oppose la dure réalité économique des coins reculés d'Amérique où l'homme blanc a pris possession des terres indiennes, avec une survivance à la fois infime, triste mais tellement poétique de la culture amérindienne.

Je vous invite à suivre Tom dans son univers et à découvrir quels seront ses choix et leurs conséquences sur son avenir et celui de la vallée toute entière.